C’est la réflexion d’un haut fonctionnaire de la Commission européenne chargé du dossier de la Grèce, à propos de la grave crise financière qui avait affecté ce pays, en 1989. Aujourd’hui, cette réflexion s’applique à notre pays, au moment où le Nouveau Front Populaire déploie tous ses efforts pour parvenir au pouvoir.
Il a trois propositions phare :
Avec un tel programme, le NFP recueille des voix, il se rend extrêmement populaire, les partis de gauche qui le composent ont gagné des sièges lors des dernières élections législatives. Il y a une cinquantaine d’années, François de Closets avait publié Toujours Plus un ouvrage dénonçant ce trait de caractère bien connu des Français consistant à ne jamais être satisfaits de leur sort. François Mitterand qui venait juste d’être élu l’avait qualifié de salutaire, mais la dénonciation de ce travers n’avait aucunement calmé les ardeurs de nos concitoyens.
Nous allons montrer que s’il était appliqué, le programme du NFP conduirait la France à la faillite.
Le Smic (salaire minimum interprofessionnel de croissance) est une avancée sociale : c’est la puissance publique qui fixe chaque année le montant minimum auquel les employeurs doivent rémunérer leurs salariés. Les libéraux y sont opposés car ils considèrent que le Smic est un obstacle à l’accès à l’emploi de ceux à faible productivité. Sont alors cités en référence de grands économistes comme Maurice Allais, Milton Friedman, Friedrich Hayek… qui plaident pour que l’État soutiennent ces personnes par des aides directes issues des impôts. Dans l’Union européenne, quelques États ne disposent pas du Smic : l’Italie, le Danemark, la Suède…. Mais la plupart des pays l’ont instauré. Aux États-Unis, le salaire minimum existe aussi, mais varie selon les États ; au Japon, un salaire minimum est fixé selon les préfectures, ce qui est la solution la plus réaliste.
En France, le Smic est national, il est revalorisé, chaque année, et, éventuellement en cours d’année si l’inflation est trop forte. Actuellement, il s’élve à 1766,92 euros brut par mois pour un temps plein, soit 1398,69 euros net.
Comparaisons entre pays
PIB/capita en dollar Salaire minimum en euro
Bulgarie 15.797 477
Roumanie 18.419 663
Pologne 22.412 977
Grèce 22.990 910
Portugal 27.275 956
Espagne 32.677 1.323
France 44.460 1.766
Allemagne 52.745 2.054
Pays Bas 62.536 2.070
(Source : Statista août 2023)
Comme tous les salaires, le salaire minimum augmente à mesure que les pays se développent et accroissent leur richesse. On a, alors, la corrélation suivante :
On voit, sur cette corrélation, que la France se situe légèrement au-dessus de la droite de corrélation : pour le PIB/capita qui est le nôtre on devrait se situer à 1.631 euros, alors que notre SMIC est à 1.766 euros, soit un excès de 8,3 % par rapport à ce que l’on peut considérer comme étant la norme.
L’ impact sur l’ économie
Le directeur d’études économiques de l’IESEG, Eric Dior, nous dit, à partir de données d’Eurostat, que depuis quelques années les salaires en France progressent plus vite que la productivité. C’est, en effet, la productivité des salariés qui régit l’augmentation des salaires, et il est dangereux d’enfreindre cette règle. En France, nous dit Éric Dior, entre 2013 et 2023, la productivité par heure travaillée a progressé de 0,58 % alors que les salaires bruts réels déflatés de l’indice des prix de l’INSEE ont progressé de 3,86 %. On n’en est donc pas, actuellement, avec ce constat, à des augmentations de salaires, et il est désolant de voir Mélanchon faire preuve d’un tel aveuglement.
Le nombre de salariés qui sont rémunérés au SMIC, en France, est très important : il s’agit de 4,6 millions de personnes, soit 17,3 % de l’ensemble des salariés. Augmenter le SMIC mettrait en difficulté beaucoup de petites entreprises, et l’on a entendu Gabriel Attal nous dire que cela détruirait 500.000 emplois.
Et il faut bien voir, par ailleurs, qu’augmenter le SMIC induit, automatiquement, un accroissement général des salaires dans une société. On constate, en effet, que, dans les pays, il existe une hiérarchie des salaires, et si le salaire minimum augmente tous les salaires sont réajustés. On constate, en effet, que partout le salaire moyen est au coefficient 2 par rapport au salaire minimum, comme le montre le tableau suivant :
Pays Salaire moyen Salaire mini Rapport
(Euros) (Euros)
Grèce 1.724 910 1,9
Espagne 2.514 1.323 1,9
France 3.639 1.766 2,1
Allemagne 4.278 2.054 2,1
Pays Bas 4.557 2.070 2,2
On voit que les salaires moyens, dans les pays, sont le double du salaire minimum : augmenter le SMIC pousse bien l’ensemble des salaires vers le haut.
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La balance commerciale de la France est extrêmement déficitaire, et ce n’est donc pas le moment de rendre nos entreprises encore moins compétitives. Nous rappellerons, simplement, comment se situe le coût du travail dans notre pays : il est un des plus élevés d’Europe :
Coût horaire du travail
(Euros)
Roumanie 9,3
Rep.Tchèque 16,2
Espagne 22,9
Pays Bas 39,1
Allemagne 40,0
France 41,1
Suède 43,2
Danemark 48,4 (Source :INSEE, Ed.2023)
Les anciens pays de l’Est intégrés maintenant dans l’Union Européenne ont des coûts extrêmement attractifs, et ils séduisent ainsi beaucoup les investisseurs étrangers, la Chine notamment.
L’accès au pouvoir du NFP
Si donc notre Président devait permettre au NFP d’accéder au pouvoir, et que celui-ci applique son programme, ce serait extrêmement préjudiciable pour toute notre économie, car cela rendrait nos entreprises encore moins compétitives et ferait fuir les investisseurs. On commençait à peine, avec le Plan « France 2030 » d’Emmanuel Macron, à être sur la bonne voie, celle consistant à réindustrialiser la France, et il serait dommage de gâcher maintenant nos chances. Notre Président avait fini par réaliser que la cause fondamentale de l’apathie de l’économie française provenait de la grave désindustrialisation du pays : notre secteur industriel s’est considérablement atrophié depuis la fin des trente Glorieuses, et il ne représente plus que 10 % du PIB, alors que des pays comme l’Allemagne ou la Suisse en sont à 23 % ou 24 %. Il va falloir, pour redresser l’économie du pays, reconstituer notre secteur industriel, car c’est lui qui crée réellement de la richesse : il va falloir faire qu’il contribue à la formation du PIB pour 17 % ou 18 %, ceci afin que notre économie puisse retrouver tous ses grands équilibres. L’heure n’en est donc pas à augmenter les salaires ni à mettre en place des mesures, au plan fiscal, faisant fuir les investisseurs, et notamment les investisseurs étrangers. Le programme du Nouveau Front Populaire constitue un épouvantail pour les investisseurs, c’est-à-dire les acteurs qui possèdent des capitaux .Le dernier « Choose France » a été un succès, et Emmanuel Macron s’en était à juste titre réjoui : il avait pu annoncer 15 milliards d’euros d’investissements étrangers nouveaux, à l’issu de ces réunions, et il serait souhaitable qu’ils puissent se concrétiser. Et c’est ce montant d’investissements étrangers, précisément, qu’il nous faut, chaque année, pour redresser la situation, comme nous l’avons montré dans d’autres articles. Reconstruire notre secteur industriel, en effet, va nécessiter environ 350 milliards d’euros d’investissements, et les entreprises françaises à elles seules n’y suffiront pas : ce n’est donc pas le moment de rendre notre pays moins attractif pour les investisseurs étrangers, car nous en avons le plus grand besoin. Augmenter les salaires et alourdir notre fiscalité, selon le programme du Nouveau Front Populaire, ne pourra que les faire fuir. Et ce n’est pas l’Etat qui sera en mesure de se substituer à eux car il n’a plus aucune marge de manœuvre, vu le niveau extrêmement élevé de notre endettement.
L’application du programme du Nouveau Front Populaire ôterait donc à la France tout espoir de voir son économie se redresser : elle acheminerait à coup sûr notre pays sur la voie de la Grèce, c’est-à-dire une voie menant à une crise financière sévère qui nécessiterait l’intervention, finalement, du FMI pour remettre de l’ordre dans nos comptes. Et l’on sait que ce fut extrêmement douloureux pour les Grecs. On vit apparaitre une nouvelle catégorie de pauvres, un tiers des fonctionnaires ont été licenciés, et il y a eu dégradation de la santé de beaucoup de personnes, une forte augmentation de la mortalité infantile, et un développement des suicides.