Rien ne va plus au sein du Conseil municipal de La Chaise-Dieu. La question d’un possible déménagement de la mairie tourne au pugilat.
A La Chaise-Dieu, l’élection de Gérard Specel, en qualité de quatrième adjoint, et d’Armelle Savinel, de première adjointe, est annulée par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand.
La juridiction avait été saisie en référé par le préfet de la Haute-Loire. Elle a pointé du doigt des manquements aux règles d’une telle élection qui a eu lieu le 3 mai dernier en conseil municipal. Ce dernier, qui se compose de 15 membres, était déjà incomplet à la suite de trois démissions.
Le tribunal constate :
Le conseil municipal ne pouvait légalement procéder, ainsi qu’il l’a fait, à l’élection de deux adjoints au maire dans une année qui ne précède pas le renouvellement général des conseils municipaux sans que des élections complémentaires ne soient préalablement organisées, alors même que le conseil n’avait pas perdu le tiers de ses membres.
Un nouveau vote devra avoir lieu. Mais pourra-t-il se tenir dans de bonnes conditions cette fois-ci ? Cette décision judiciaire révèle au grand jour les dissensions profondes qui sont apparues au sein de la municipalité casadéenne.
Le dernier conseil municipal très tendu, qui s’est tenu lundi, n’a fait que confirmer la mésentente entre le maire, André Brivadis, et plusieurs conseillers et adjoints. La démission, il y a quelques semaines, du premier d’entre eux, Stéphane Gibert, avait provoqué ce besoin de répartir à nouveau les rôles au sein de l’équipe municipale.
J'aurais dû moi-même démissionner
Le maire, un peu dépassé par les évènements, a lancé un appel à l’aide auprès des services préfectoraux pour être utilisés comme médiateurs dans une crise qui ne s’apaise visiblement pas au sein de la petite commune de 660 habitants. Il y a quelques semaines, alors que le premier magistrat qui en est à son troisième mandat était écarté depuis deux mois de la vie municipale pour des raisons de santé, une partie des élus s’est retrouvée pour acquérir une maison jusqu’ici à vocation confessionnelle (près de la station-service) en vue d’y installer la mairie.
Le maire mis en minoritéÀ son retour, le maire a exprimé son désaccord : « Il est hors de question d’engager un investissement de 200.000 euros, alors que nous avons d’autres priorités comme le réseau de chaleur et la réfection de l’école », estime l’édile. Ce dernier et Stéphane Gibert ont été mis en minorité lors du vote en vue de statuer sur cette acquisition. Le premier adjoint a donc fini par jeter l’éponge.
Cette semaine, en conseil municipal, l’annonce du maire d’annuler les précédentes délibérations sur l’acquisition de la maison controversée a soulevé une véritable bronca. Sous la pression, l’édile a dû céder et mettre au vote cette question d’annulation des délibérations. Ses opposants ont eu gain de cause. André Brivadis est pourtant bien décidé « à ne pas en rester là », campant sur un autre projet, à savoir de revenir un jour prochain sur le site abbatial pour y réinstaller une mairie. Ce site, la municipalité avait dû le quitter pour permettre les travaux de mise en valeur de l’ensemble abbatial. La mairie occupait un espace au bout de l’aile de l’Echo juste avant de devoir faire ses cartons dans le cœur du bourg rue Saint-Esprit, et de reprendre à son compte un des bâtiments laissés vacants par l’ancien restaurant d’application du lycée hôtelier.
D’aucuns estiment ce bâtiment non adapté et voudraient retrouver pour la mairie de meilleures conditions d’accueil. Mais faut-il quitter le centre bourg ou revenir, comme semble le vouloir le maire, dans l’ombre de l’abbaye ? Si tel était le cas, il lui faudrait soit réhabiliter le bâtiment, appelé « Lafayette 2 » et propriété de la communauté d’agglomération, soit reprendre la « Maison Monatte » (qui appartient à la commune). Lors de son dernier conseil, le syndicat mixte du projet Chaise-Dieu a indiqué qu’il n’envisageait pas de destination pour ces deux bâtiments dans les années à venir. Reste que le coût d’une réhabilitation pour y accueillir la mairie risquerait de dépasser celui du bâtiment sur lequel le conseil municipal s’est positionné et qui est à la source du conflit.
Philippe Suc
