Sur la route de la gloire olympique, il y a ceux qui se motivent au son d'un rap rageur ou d'une pop entraînante. Jessica Fox, elle, préfère chantonner un refrain de Guy Béart.
"Quand j’étais petite, se souvient pour l'AFP la championne olympique 2021 de canoë slalom, mon papy nous chantait une chanson qui fait +Ma petite est comme l'eau, elle est comme l’eau vive+ (...). J’y repense souvent, à l'entraînement comme en compétition, j'essaie d'être comme l'eau vive, d’être cette petite fille qui danse sur l'eau, qui s'amuse sur l'eau avec son bateau".
"Malheureusement, mon grand-père est mort en 2018, il n'a pas pu voir Tokyo, ma médaille d'or, mais ce refrain est toujours avec moi, écrit au dos de mon casque", poursuit-elle.
C'est peu dire que la famille est le socle de sa réussite.
Elle est, en l'occurrence, la fille de deux grands noms du slalom, la Française Myriam Jerusalmi, médaillée de bronze des JO-1996, et le Britannique Richard Fox, cinq titres de champion du monde en individuel. Tandis qu'Albert, le grand-père maternel, a fondé le club de Marseille Mazargues, que sa petite-fille a rejoint à peine âgée de quelques... semaines.
Née à Marseille
Si elle est née à Marseille, Jessica Fox a grandi en Australie, à Penrith, non loin de Sydney et du bassin construit pour les épreuves de canoë-kayak des JO-2000.
"En 1998, j'ai quatre ans quand on part en Australie. Mes parents deviennent entraîneurs de l'équipe australienne. Cela devait être seulement pour deux ans et au final, on est resté", raconte-t-elle.
"On revenait en France tous les ans, j'ai passé pas mal de temps à Marseille chez mes grands-parents jusqu'à mes 14-15 ans pendant que mes parents partaient pendant deux-trois mois coacher sur les Coupes du monde et les Championnats du monde".
Elle garde des souvenirs forts de moments en famille, de balades dans les calanques ou de stages de kayak, beaucoup moins de sa scolarité, même à temps partielle, dans un système français "plus strict, où les journées étaient plus longues qu'en Australie".
Ses quatrièmes JO, après Londres, Rio et Tokyo, seront-ils pour autant des Jeux à la maison?
"Je me sens bien en France, c'est sûr, mais ce n'est pas vraiment des Jeux à la maison. Quand je pense aux Jeux à la maison, je pense à la pression et à l'attente de tout un pays. C'est l'avantage pour moi, je n'aurai pas ça, mais j'aurai quand même le soutien des Français", résume celle qui partage la vie du kayakiste français Mathieu Biazizzo.
"Ca peut faire mal"
A 30 ans, Fox, entraînée par sa mère, a déjà l'un des plus beaux palmarès de l'histoire de son sport avec quatre médailles olympiques et dix sacres mondiaux en individuel.
"Le rêve pour Paris, c'est de remonter sur la plus haute marche du podium (...). Le challenge, c'est que je participe à trois compétitions qui sont très différentes", prévient-elle.
Vice-championne olympique de kayak (position assise, pagaie double) dès ses premiers Jeux à Londres en 2012, elle est devenue il y a trois ans à Tokyo la première championne olympique de C1 (position agenouillée, pagaie simple), discipline qui était jusque-là réservée aux hommes.
Sur le bassin de Vaires sur Marne, à 30 km à l'est de Paris, elle sera également en lice dans la nouvelle épreuve de kayak cross, mettant aux prises quatre concurrents comme en skicross ou en BMX.
"En cross, il y a un petit élément de chance, si on prend les mauvaises décisions, qu'on n'a pas en slalom, ça peut faire mal aussi, j'ai déjà pris quelques coups à la tête ou aux cotes".
"Etre la première à remporter trois médailles, cela serait vraiment incroyable, mais dans notre sport c'est très dur d'avoir ce genre d'objectif, car cela dépend beaucoup du parcours et des conditions du jour".
Mais, quoi qu'il arrive, durant la dernière semaine de juillet, Fox, qui se voit poursuivre sa carrière jusqu'aux JO-2032 en Australie, reviendra voir sa grand-mère Julie et se ressourcer dans "le plus bel endroit du monde, les calanques entre Sormiou et Morgiou".
