« Carthago delenda est ». C’est par ces mots, « Carthage doit être détruite » que, dit-on, Caton l’Ancien terminait ses prises des paroles, même les plus anodines. C’est une sentence très approchante qui, manifestement, brûle la langue de Thomas Portes et de ses copains de LFI chaque fois qu’ils ouvrent la bouche. Mais pour eux, ce serait : « Israël doit être détruite ». Cela aurait au moins le mérite de traduire franchement, honnêtement, leur pensée. Et ce le serait encore bien davantage, honnête, s’ils allaient au bout de cette pensée pour lancer, carrément, sans fioritures « le peuple juif doit être détruit, les Juifs doivent disparaître de la surface de la terre ». Car c’est bel et bien cette vision nihiliste qui se profile derrière les éructations du député Thomas Portes lors d’une manifestation pro-Palestine – pro Hamas, en réalité ? – où il savait fort bien d’avance que sa haine et sa profonde bêtise rencontreraient un vif succès. « Les athlètes israéliens ne sont pas les bienvenus. Ils n’ont rien à faire ici, aux J.O » Il est bien évidemment certain que Portes et ses semblables se soucient des J.O et de leurs compétiteurs comme d’une guigne, qui ne sont en l’occurrence que le prétexte à un déferlement de haine. Un de plus, en attendant les autres.
On se tromperait lourdement si on se laissait aller à regarder ces comportements comme des dérapages incontrôlés, des provocations gratuites, l’effet d’une ignorance sans bornes. Il ne s’agit pas de cela. Portes et ses semblables savent parfaitement ce qu’ils font. Quand ils ne serrent pas la main du député en charge de l’urne lors du vote à l’Assemblée, ils savent ce qu’ils font. Lorsqu’ils vomissent leurs interdits antisémites, lorsqu’ils refusent la qualification de terroristes pour les barbares du 7 octobre, ils savent ce qu’ils font. Ils font très exactement ce que leurs mandants attendent d’eux, ils font ce que prône la stratégie révolutionnaire d’affrontement. L’autre, celui du camp d’en face, n’est pas simplement un adversaire à combattre, mais un ennemi à éliminer. Radicalement. De ce fait, ne pas serrer la main n’est pas qu’une impolitesse, une effronterie, une bêtise de plus. Non, c’est un acte délibéré. C’est la manifestation – télévisée – de la négation de l’existence de cet autre.
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Julien Odoul, le député RN, à mille fois raison de poursuivre Portes en justice, ce porteur de haine, une haine qui malheureusement se propage comme une sale peste, touchant de proche en proche tous ceux qui n’adhèrent pas, qui n’applaudissent pas. Voilà bien que le dessinateur Plantu, à son tour, est diabolisé, ciblé pour ne pas avoir courbé la tête au délire de Portes. Qui d’autre après lui ? Et combien ?
Cela dit, la question – la question terrifiante, lancinante – devant de telles aberrations est de se demander comment il peut se faire que, au pays de France, ces propagateurs de haine, des zélateurs de l’obscurantisme, puissent réunir sur leurs noms assez de suffrages pour être élus et siéger au sein de la représentation nationale ? En effet, c’est surtout cette question, et la réponse à y apporter, qui devraient d’abord nous occuper, nous inquiéter. Inquiétant aussi le silence assourdissant des alliés de circonstance des Portes et compagnie, de cette gauche perdue qui, tétanisée d’une peur qui ne s’explique guère, laisse dire, laisse faire. Faut-il rappeler ici, une fois encore, le jugement d’Albert Einstein ? « Le monde est dangereux à vivre, non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. »
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