Vic-sur-Cère. Peinture et joie pour viatique. Très tôt Paule Rhodes a décidé d’être rebelle. « Pour me venger de l’humiliation subie jeune, de cette hypocrite humilité qu’il fallait jouer, pour avoir “l’air de” ». Paulette son prénom qu’elle n’aime pas, deviendra Paule et c’est comme ça ! Lorsque Claude, son mari (né à Vic-sur-Cère), ingénieur dans une grosse société du BTP, sera promu directeur d’un laboratoire de recherche dans le Sud, elle arrête son métier d’infirmière pour la profession de femme au foyer, consacrant ses loisirs à la peinture, art qu’elle découvre et apprend en autodidacte.
Après le décès de son mari, elle quitte le sud pour vivre dans leur maison du hameau des Gardes, cultivant toujours l’anodine passion de peindre. Elle travaille, progresse et prend part à plusieurs expos. L’an dernier, suite à un accident domestique, elle décide de rejoindre l’Ehpad vicois. « La vie ne s’arrête pas à l’entrée de l’Ehpad, rigole Paule Rhodes. On m’a parfois appelée la veuve joyeuse. Aujourd’hui avec toutes les broches qui soutiennent mon corps, ce pourrait être « Robocop ». Et en riant, elle laisse passer tout le bonheur qu’elle a de vivre. Sa chambre n’est que joie, décorée de ses œuvres. Elle expose aussi sur les murs et dans les couloirs de l’Ehpad, pour le bonheur des pensionnaires. En ce moment, elle peint une copie de La danse , de Matisse, sur une cloison arrondie du réfectoire, quitte à scotcher ses pinceaux sur un bâton, pour atteindre les endroits où son bras ne porte plus. Jean, un pensionnaire discrètement occupé à ses mots croisés, est admiratif devant cette ronde endiablée.
« Je suis content, de connaître cette dame affirme-t-il, elle nous apporte tellement ». Les membres du personnel ou les bénévoles intervenants, soulignent la joie et l’énergie qui émane d’elle, notant un changement positif depuis son arrivée. « Je tutoie facilement, je bouscule. Aujourd’hui, je me sais plus que jamais dans l’éphémère, évidemment. Mais la fin de ma vie qui s’approche, me pousse encore plus à vivre et sourire de toutes mes forces ».
