La présidente de l’Assemblée nationale est à la tête d’un hémicycle plus morcelé que jamais. Et Yaël Braun-Pivet a jugé, samedi 20 juillet "pas normal" que le Rassemblement national ait été écarté du Bureau de l'Assemblée. "La voix du RN sera entendue dans les instances de l’Assemblée nationale", a déclaré sur France 2 celle qui a retrouvé son perchoir cette semaine, réélue de justesse face au candidat NFP André Chassaigne. Elle a aussi rappelé que Marine Le Pen siégerait à la conférence des présidents qui fixe l’ordre du jour de l’Assemblée.
"J’ai toujours plaidé pour que toutes les forces politiques soient représentées au Bureau", cette instance compétente pour l’organisation interne des travaux de la chambre, a-t-elle ajouté. Cette figure de la Macronie a regretté que "les présidents de groupe, notamment ceux du Nouveau Front populaire, aient refusé un accord pour la répartition des postes" au Bureau, contraignant à recourir à un vote.
Alors que le RN est le groupe le plus important de la nouvelle Assemblée (126 députés), la formation politique apparaît comme la grande perdante d’une longue série de scrutins. Contrairement à 2022, quand il avait obtenu deux vice-présidences de l’Assemblée, le RN a cette fois-ci été tenu à l’écart des postes clefs par les autres partis et ne siégera pas au Bureau de la chambre basse : aucune des six vice-présidences, pas de poste de questeur sur les trois en jeu, pas même un secrétaire sur 12.
La cheffe de file des députés du RN Marine Le Pen s’est insurgée, samedi 20 juillet, dans un entretien au Parisien, estimant que l’Assemblée nationale était "devenue une zone de non-droit" après la répartition de ces postes clefs au sein de la chambre. La veille, c’était Laurent Jacobelli, porte-parole du RN, qui évoquait un "déni de démocratie".
Les inquiétudes sur cette absence de représentation du RN dans les instances de l’Assemblée ont trouvé de l’écho chez quelques députés d’autres groupes. "Le principal parti, qui représente environ un tiers de l’électorat, près de 11 millions de suffrages exprimés, n’est pas représenté dans les organismes chargés de faire vivre le Parlement. Cela pose problème", a ainsi jugé Laurent Marcangeli, le président du groupe Horizons (proche de l’ex-Premier ministre Edouard Philippe).
De son côté, Yaël Braun-Pivet a aussi mis en cause la stratégie du RN qui s’est sabordé dans ces votes en faisant délibérément élire des vice-présidents LFI. Elle a appelé les différentes forces politiques à "échanger rapidement" pour construire "un pacte d’action" pour les Français. "Il est urgent de discuter entre nous pour nous mettre d’accord, une Assemblée bloquée ce n’est pas possible", a-t-elle plaidé.
Nous avons une immense responsabilité, nous devons nous entendre et construire un pacte d’action pour répondre aux demandes des Français. Pouvoir d’achat, sécurité, égalité des chances : l’ensemble des forces politiques doivent se mettre au travail.#France2 #JT20H pic.twitter.com/BkR8HF8afF
— Yaël Braun-Pivet (@YaelBRAUNPIVET) July 20, 2024
Quant au choix du Premier ministre, Yaël Braun-Pivet a jugé qu’Emmanuel Macron n’avait "aucune raison" de nommer un représentant du Nouveau Front populaire car il fallait d’abord, selon elle, "constituer une majorité". Yaël Braun-Pivet a elle-même été réélue présidente de l’Assemblée grâce à un pacte portant sur la répartition des postes entre le camp présidentiel, dont elle est issue, et le groupe de la Droite républicaine (ex-LR).