Et soudain, Lazare franchit de nouveau les murs d’Usson. Composée de huit panneaux de bois assemblés avec un cadre doré, l’œuvre La Renaissance de Lazare est l’un des trésors de l’église Saint-Maurice. Un tableau qui "a toujours été à Usson", d’après le maire Bertrand Livet, mais qui comportait de nombreux désordres.
L’œuvre avait quitté son emplacement au sein de la sacristie en avril 2021 pour rejoindre le Centre interdisciplinaire de conservation et restauration du patrimoine (CICRP) de Marseille, "au départ pour un an d’études puis un an de restauration", se souvient l’élu. Un délai pour redonner de l’allure à la création qui s’est très vite prolongé lorsque les techniciens ont découvert plusieurs anomalies majeures.
Des capteurs présents sur les ailes d’avion utilisésLa première concernait le fonctionnement du tableau. Le maire complète :
Il est composé de huit planches qui se dilatent. À force, entre les impuretés et les poussières dans les rainures, les planches prenaient de moins en mois leur place et le cadre pouvait exploser
Les professionnels ont donc reprofilé le cadre et glissé une fine pellicule de téflon, tout en mettant une légère pression sur les panneaux de manière à ce qu’ils coulissent toujours de la même façon. "Le restaurateur a utilisé des capteurs présents sur les ailes d’avion pour comprendre comme cela fonctionnait", analyse le maire qui se félicite également que les études aient permis de se rendre compte que le cadre était celui d’origine, "on n’en était pas sûr".Usson est un des plus beaux villages de France.Puis, les techniciens se sont également aperçus que les précédentes restaurations avaient été réalisées à l’aide d’un vernis de type polyuréthane. "Il fallait absolument enlever cette couche, car le tableau pouvait se dégrader encore plus", insiste Bertrand Livet. Ces actions ont permis de redécouvrir le vernis d’origine. "Il était à base d’huile de pin", note-t-il.
Une base en très mauvais état qui a nécessité une intervention supplémentaire. Et fait grimper la facture de 30.000 €. Mécénat d’entreprises et de fondations, dons et aides de l’association des Amis de l’église ont permis de prendre en charge ce surplus. "Au total, la facture de l’étude et de la restauration s’élève à plus de 120.000 €", ajoute le maire qui remercie les nombreux partenaires (Drac, Région, Département…) et la Fondation pour la sauvegarde de l’art français qui subventionnent autour de 90 % du projet.
Mettre en valeur le patrimoineDepuis quelques semaines, La Renaissance de Lazare a ainsi retrouvé sa place au sein de la sacristie de l’église, face à sa copie "d’avant" qui avait été commandée afin que les visiteurs puissent continuer à apercevoir l’œuvre.
Cela permet de constater la différence entre avant la restauration et maintenant.
Le retour de la toile au bercail, trois ans plus tard, est une étape importante dans la mise en place du projet global de restauration du patrimoine d’un des plus beaux villages de France. "On vient de restaurer le clocher et le mobilier de l’église. En 2025, on va s’attaquer au reste de l’édifice et notamment la sacristie", projette l’élu. L’objectif étant d’avoir un plus bel écrin avant qu’une scénographie complète vienne narrer l’histoire de cette œuvre unique et de tous les trésors d’Usson.
Pratique. La Renaissance de Lazare est à découvrir au sein de l’église Saint-Maurice d’Usson, ouverte tous les jours (sauf le lundi) cet été.
Jean-Baptiste Botella