«Lorsque le devoir national vous appelle, il n’y a pas de place pour l’hésitation», a martelé le 19 juillet le président tunisien Kaïs Saïed qui a choisi la ville de Borj el-Khadra, à l’extrême sud du pays, pour annoncer officiellement sa candidature à l’élection présidentielle du 6 octobre prochain.
«Si j'ai choisi ce lieu, symbole de la force et de la fierté, c’est pour rappeler que la Tunisie est une nation unie, de son extrême nord à son extrême sud, et elle le restera», a soutenu le chef d’État dans une vidéo publiée sur le compte Facebook de la présidence tunisienne.
Avec Ras Angela, un cap rocheux donnant sur la Méditerranée et point le plus septentrional du pays, Borj el-Khadra constitue l'autre extrémité de l'axe nord-sud, mesurant près de 1 200 kilomètres, de ce pays nord-africain. Appelé Fort-Saint sous la colonisation française, il est situé dans le gouvernorat de Tataouine, à la frontière de l'Algérie et de la Libye.
Le président sortant avait annoncé le 2 juillet la tenue du prochain scrutin présidentiel le 6 octobre 2024.
Élu en 2019, Kaïs Saïed achève son mandat de cinq ans après avoir mené plusieurs réformes institutionnelles au cours de sa présidence.
Le 25 juillet 2021, il s’est arrogé tous les pouvoirs en limogeant le chef du gouvernement et en gelant les activités du Parlement avant de le dissoudre. Ce coup de force est intervenu alors que le pays traversait une grave crise institutionnelle après plusieurs mois de blocage politique entre les trois institutions qui se partageaient le pouvoir : le Parlement, la présidence de la République et la présidence du gouvernement.
Une année plus tard jour pour jour, le président tunisien avait soumis à un référendum le texte d'une nouvelle Constitution, adoptée avec 94,6% des voix, mettant ainsi fin à un régime parlementaire hybride «à trois têtes» et marquant le retour au régime présidentiel en vigueur dans le pays de 1956 à 2011.
Des élections législatives, régionales et locales ont été depuis organisées dans le cadre d’une refonte totale du système politique et institutionnel du pays.
Ces réformes, contestées à l’intérieur par l’opposition islamiste et ses alliés qui ont été au pouvoir durant plus d’une décennie, ont également suscité l’«inquiétude» et la «préoccupation» des capitales occidentales. Des «inquiétudes» interprétées par Tunis comme une tentative d’ingérence dans ses affaires intérieures et une atteinte à sa souveraineté.
Sur le plan diplomatique, les États-Unis, la France ou encore l’UE se sont également déclarés «préoccupés» par un soi-disant rapprochement de la Tunisie avec la Russie, la Chine et l’Iran. Des allégations également fustigées par Tunis, qui a souligné qu’il conduisait ses relations «en toute indépendance» avec tous ses partenaires.
Ces tensions avec l’Occident, qui ont marqué ce mandat du président Kaïs Saïed, interviennent alors que ce dernier n’avait pas raté une occasion, notamment au cours de ses déplacements à l’étranger, d'appeler à «un nouveau pacte financier mondial», tout en critiquant la mainmise occidentale sur les institutions financières internationales.
Kaïs Saïed est le quatrième président élu directement au suffrage universel dans l’histoire de la Tunisie.
Habib Bourguiba (de 1957 à 1987) et Zine el-Abidine Ben Ali (de 1987 à 2011) totalisent, réunis, pas moins de 55 ans à la tête de ce pays nord-africain. Quant au «bourguibiste» Béji Caïd Essebsi, arrivé au pouvoir à la toute fin décembre 2014, il est mort en fonction le 25 juillet 2019.
Si l’on ajoute deux présidents par intérim (Fouad Mebazaa, de janvier à décembre 2011, et Mohamed Ennaceur, de juillet à octobre 2019) ainsi qu'un président de transition (Moncef Marzouki, de décembre 2011 à décembre 2014), la Tunisie a connu, au total, sept présidents.
Le scrutin du 6 octobre prochain sera la douzième élection présidentielle organisée en Tunisie depuis son indépendance en 1956.