« Cette étape, il n’y a que ceux qui l’ont faite qui peuvent se rendre compte de sa difficulté ». Quelques heures après avoir intégré la caste des 10.000 finishers (sur 14.000 partants), Laurent Bourbonnaud, une bière à la main, refait le match. Enfin, l’étape.
Il a raison le cinquantenaire, commerçant à Limoges : cette étape, il faut l’avoir finie pour mesurer sa difficulté. Tout au long des 137 kilomètres de course (oui, les amateurs ont parcouru plus de kilomètres que les pros qui ont 133 bornes à faire ce samedi) et surtout des 4.622 mètres de dénivelé, on a vu des personnes à l’agonie. Certaines marchaient à côté de leur vélo, d’autres s’étaient allongées sur des murets. Tenez-vous bien : on a même vu un mec, assis au bord de la route, reprendre une bouffée de cigarette électronique. On n’avait pas atteint la mi-parcours. Et, promis, ce n’est pas une hallucination, car nous étions encore frais.
Fumer la pipe ? Ce n’est pas vraiment ce qui attend le peloton aujourd’hui pour l’avant-dernière étape du Tour de France. Au niveau des chiffres, avec 4.600 m de dénivelé sur seulement 133 km, c’est la deuxième étape la plus dure du Tour (4.800 m sur 198 km dimanche dernier au plateau de Beille). Dans les faits, elle peut faire d’énormes dégâts…
Interminable montée« Cette étape, c’est Tadej Pogacar qui l’a tracée ». Croisé sur la Promenade des Anglais, la veille de l’étape du Tour, Damien était sûr de lui : « Le tracé correspond aux qualités du Slovène ». Le Niçois en avait profité pour nous briefer sur les difficultés du parcours : « Il y a des pourcentages élevés dans le premier col (Braus, 10 km à 6,6 %), le deuxième est très long (Turini, 20,7 km à 5,7 %), le troisième est plus long qu’annoncé (Colmiane, 7,5 km à 7,1 %) et, normalement, tu arrives cramé pour le dernier (Couillole, 15,7 km à 7,1 %) ».
Il avait totalement raison, Damien. Dans la Couillole, on a décompté chaque mètre qui nous rapprochait d’une arrivée tant espérée, tant rêvée. C’était interminable…
Que veut Pogacar ?Au regard de sa nouvelle démonstration hier, Tadej Pogacar peut aisément remporter une cinquième étape ce samedi. Même avec plusieurs minutes de retard au pied de La Couillole, le Maillot jaune pourra facilement rattraper ses adversaires qui ressemblent à des cadets tant le leader d’UAE est ultra-dominant (écœurant ?).
Avec déjà 18 victoires (!) cette saison, « Pogi » laissera-t-il des miettes aux autres ? Si un courageux souhaite lever les bras ce 20 juillet, il devra savoir grimper et… descendre. Un garçon agile peut larguer tout le monde dans la descente du Turini. Elle est longue, technique, voire dangereuse (des concurrents sont passés par-dessus le ravin lors de l’étape du Tour). Avant son abandon, Tom Pidcock était notre candidat idéal. Vendredi, Simon Yates a montré qu’il avait les jambes. Tentera-t-il de nouveau sa chance ?
Kevin Cao Kevin.cao@centrefrance.com