Fin juin, les citoyens américains ont eu le douteux privilège de regarder sur CNN le premier débat présidentiel de l’actuelle campagne électorale en cours aux États-Unis, opposant Donald Trump pour les Républicains et Joe Biden pour les Démocrates. La surprise ne fut dévastatrice que pour les plus niais et les plus captifs des bobards actuels de la presse de grand chemin : Biden y est apparu pour un débris sénile à peu près incapable d’aligner quelques arguments cohérents, terminant souvent ses phrases par des borborygmes incompréhensibles.
Ce fut donc un parfait désastre pour le candidat démocrate qui, en revanche, n’étonna guère ceux qui avaient largement pu voir que l’état mental de l’actuel locataire de la Maison Blanche ne faisait que décliner depuis des années. Depuis sa campagne électorale minable en 2020 suivie de son accession à la présidence, Biden montrait clairement qu’il n’était plus que l’ombre de ce qu’il avait été durant ses années de vice-président auprès d’Obama, et le camouflage de sa sénescence devait entièrement au travail permanent de tous les médias officiels américains.
Pour Trump, le débat ne fut même pas l’occasion de dérouler ses arguments, le pantin en face de lui déclenchant surtout la pitié : une charge frontale de la part de l’ex-président aurait été probablement jugée trop facile. Sa performance fut donc très moyenne, ce qui ne l’a pas empêché de s’envoler dans les différents sondages suivant le débat : Trump dépasse maintenant largement Biden dans tous les pronostics établis à ce jour.
Depuis ce débat fatidique pour Biden, les succès s’accumulent pour Trump puisque la Cour suprême a récemment rendu son avis concernant le cadre d’application de son immunité présidentielle, notamment invoquée dans les procès lancés contre lui par différents tribunaux : sans surprise non plus pour ceux qui suivent l’affaire depuis le début, la Cour suprême a rappelé que le président américain est entièrement couvert par l’immunité pour les actes officiels entrant dans le cadre de la Constitution, et n’en bénéficie pas a priori pour les actes officieux.
Essentiellement, ce rappel de la Cour suprême met globalement fin aux cabales judiciaires que l’administration Biden avait lancé contre son opposant politique. Quant à celles qui ne sont pas éteintes, tout indique qu’elles seront progressivement reportées à des dates suffisamment éloignées du jour du vote pour que leur interaction avec la campagne électorale en soit durablement amoindrie.
Et à mesure que Trump se dégage de ses problèmes et gagne chaque jour en popularité, Biden, de son côté, s’enfonce dans l’incertitude et une impopularité essentiellement provoquée par une situation économique américaine de plus en plus mauvaise, et maintenant, par l’évolution négative de sa santé mentale qu’il est devenu impossible de camoufler.
Cependant, il ne faut pas se leurrer : la tenue du débat aussi tôt (en général, c’est plutôt en septembre/octobre) n’est pas un hasard puisqu’il a permis, pour les médias grand public et les Démocrates, d’officialiser ce qui se murmurait depuis plusieurs années, à savoir que l’actuel occupant de la Maison Blanche n’est pas en mesure de mener une campagne victorieuse… Et même de diriger le pays comme en témoignent maintenant les éditos consternés et les Unes sans ambiguïté qui s’accumulent sur le sujet.
Oui, pour le camp démocrate, il faut maintenant infuser partout l’idée que ce candidat n’est pas idéal contre Trump, et qu’il faut même le remplacer, de façon aussi crédible et légale que possible, de façon assez rapide pour tenir compte des couinements de plus en plus audibles de certains gros donateurs au parti, ce qui pourrait poser quelques soucis juridiques.
Bien évidemment, ce remplacement étant maintenant dans toutes les têtes, il ne faut plus pour l’acter qu’un nom solide.
Quelques-uns sont évoqués, celui de Newsome (l’actuel gouverneur de la Californie) est ainsi régulièrement poussé par des médias – notamment français – qui semblent commodément oublier qu’il est controversé même au sein de son parti, et que ses résultats dans son État sont suffisamment consternants pour que Trump en fasse du petit bois.
Bien évidemment, si Biden devait se retirer – par exemple pour raisons de santé, en faisant jouer le 25e amendement à la Constitution américaine, notamment si les États-Unis se retrouvent confrontés à une forte menace sécuritaire qui nécessiterait un chef des Armées un peu moins éteint – ce serait alors l’actuelle vice-présidente, Kamala Harris, qui pourrait entrer en campagne. Cette option, à laquelle certains donateurs croient encore, fait cependant fi de l’impopularité de Harris, encore plus prononcée que celle de Biden (ce qui est une performance en soi).
La seule option réellement crédible, en remplacement d’une femme noire, ne peut bien sûr être qu’une autre femme noire. Seule Michelle Obama pourrait jouer ce rôle et, pour le moment, tout se déroule comme prévu : d’une part, les médias préparent progressivement l’opinion publique à cette éventualité, et d’autre part, l’épouse de Barack Obama a clairement fait savoir qu’elle ne souhaitait pas se lancer. Ceci lui permettra d’entrer dans le rôle à reculons, parce que – comprenez-vous – « mon devoir m’y pousse, je ne pouvais pas laisser tomber mon pays ». Avec la bonne quantité de trémolos dans la voix, cela passera très bien.
La politique américaine sera agitée pendant les prochaines semaines : on peut raisonnablement s’attendre à voir disparaître Biden d’une façon ou d’une autre et à la (ré)apparition de Big Mike Michelle Obama. Cependant, au-delà de la question du candidat démocrate, la sincérité du scrutin de novembre 2024 dépendra surtout de la capacité des institutions américaines à se débarrasser de toutes les mauvaises habitudes en place en 2020. Or, sur ce plan, c’est encore la confusion qui règne.
Tout peut donc arriver, même l’invraisemblable.