Ce jour-là, le capot de la Peugeot 403 stationnée dans la cour du centre d’intervention était grand ouvert. Dans la gueule du break rouge de 1961, Sylvain Tournaire et Jean-Claude Roussat exploraient les entrailles mécaniques de l’ancien véhicule des sapeurs-pompiers. Sur les portières s’affiche fièrement en lettres blanches : "Lamontgie". "Avant, il y avait inscrit “sapeurs-pompiers de Lamontgie”, mais lorsque la 403 a été récupérée par la municipalité, en 1989, ils l’ont effacé", se remémore le lieutenant Sébastien Roussat, responsable du centre d’intervention qui souffle aujourd’hui ses 151 bougies.
Quinze sapeurs-pompiers en 2024La Peugeot ne va pas reprendre du service. Les quinze sapeurs-pompiers, femmes et hommes, qui assurent les secours à personne et la lutte contre les incendies tout au long de l’année sur ce secteur du Puy-de-Dôme, disposent, fort heureusement, d’un matériel plus récent.
Ce véhicule est exposé aux côtés d’une moto pompe Guinard, la pompe à bras et d’autres engins qui racontent l’histoire du centre depuis 1873 quand la première sirène a retenti », détaille le chef de centre.
Le lieutenant Christian Chalambel, ancien chef de centre, avec un casque de pompier. Plusieurs animations sont proposées au public, dès 16 heures, au cours de cette journée anniversaire mémorable (lire ci-contre).
Des souvenirs d'interventionLa 403 est en cours de révision.Au-delà du matériel indispensable à toutes actions de secours, il y a avant tout des sapeurs-pompiers. Et leurs souvenirs. C’est aussi ce que vient chercher le public. Nul doute que les conversations vont tourner autour des expériences vécues par bon nombre de soldats du feu au cours de leur longue carrière sous l’uniforme bleu et rouge. Jean-Claude Roussat est l’un d’eux. Son service à Lamontgie a commencé lorsqu’il avait 18 ans. Il en compte 74 à présent, mais la flamme brûle encore.
À l’époque, la Peugeot 403 servait autant à transporter les blessés à l’Hôtel-Dieu à Clermont qu’à partir sur les incendies. Comme le brancard était trop long, on posait les poignées sur le dossier du siège passager.
"Ça ne nous rajeunit pas !"Jean-Marc Roussat, 39 ans de service, à côté de la pompe à bras.Jean-François Piquelle a plus de 39 ans de service. Lui aussi donnait un coup de main pour les préparatifs des 151 ans. "Ça ne nous rajeunit pas !", sourit-il. L’intervention qui l’a marqué ? "Une maman qui a accouché chez elle. C’était il y a 10 ans maintenant." Le temps passe. Les souvenirs restent. Lorsque à son tour, l’ancien chef de centre, le lieutenant Christian Chalambel, jette un regard sur le passé, il estime qu’avoir duré 151 ans prouve que "ça n’a pas si mal fonctionné".
Une passion transmise de génération en générationUne longévité exceptionnelle qui n’empêche pas les sapeurs-pompiers lamontgeois d’être inquiets quant à leur avenir. "Est-ce que le centre durera encore 151 ans ? Je ne pense pas avec le modèle actuel", estime Sylvain Tournaire, sapeur-pompier depuis 1998. Un avis partagé par l’ensemble de ses collègues volontaires qui ont la profession chevillée au corps. Une passion transmise de génération en génération depuis 1873 et qui, malgré tout, n’est pas près de s’éteindre.
Le public a rendez-vous à partir de 16 heures au stade, rue de la Combe, où les sapeurs-pompiers ont organisé l’exposition de photos, de véhicules anciens et nouveaux... Des démonstrations de secours routier sont aussi prévues. Pour les plus jeunes, une structure gonflable est installée. Puis, vers 22 heures, ils allumeront le feu d’artifice et le traditionnel bal.
David Allignon