Eurolysine. Tel est le nouveau nom de l’ex-Metabolic Explorer, société spécialisée dans la fabrication d’ingrédients naturels par fermentation, qui vient d’être reprise au terme d’une procédure de liquidation judiciaire menée au tribunal de commerce de Paris.
Le repreneur, c’est Avril, groupe atypique du secteur agroalimentaire, créé en 1983 (*) par le monde agricole et qui ne rémunère pas ses actionnaires.
(*) Avril et le 5e groupe agroalimentaire français. Il possède 69 sites industriels dans le monde (au moins un dans chaque région de l’Hexagone) et emploie 7.245 collaborateurs dans 19 pays. Lesieur, Puget ou encore Sanders en font partie. Le groupe est présent dans le Puy-de-Dôme à Aigueperse et Lezoux (Saipol).
Conserver des talentsPour son directeur général, Jean-Philippe Puig, intégrer l’outil de production de MetEx à Amiens, qui produit essentiellement, de façon biosourcée, de la lysine, acide aminé très utilisé dans la nutrition animale, ainsi que l’unité de recherche et développement de Saint-Beauzire avait du sens. « Sans Amiens, il n’y a plus en Europe de production de lysine et autres acides aminés essentiels pour la nutrition animale. Nous avons estimé qu’il fallait se battre, avec les services de l’État et les collectivités locales, pour garder un site d’où sortent les meilleurs produits décarbonés au monde. Et pour conserver des talents tant à Amiens qu’à Saint-Beauzire. MetEx était dans une impasse, nous avons fait sauter des verrous. »L'enseigne d'Eurolysine n'est pas encore fixée au fronton du site de Saint-Beauzire, mais en place. Photo Julien Sarton
Renflouer l’entrepriseUne impasse financière, résultat d’une tension accrue sur les matières premières (sucre et autres) et l’énergie qui a précipité la chute de MetEx. Avril a repris 315 des 364 employés des deux sites, dont 40 des 81 salariés de Saint-Beauzire. Avec un projet dont Jean-Philippe Puig détaille les contours et les enjeux : « Il faut apporter des fonds pour renflouer l’entreprise, le capital et le fonds de roulement, ce qui nécessite entre 70 et 80 M€, qu’Avril finance à 55 %, Bpifrance à 45 % (via son fonds SPI). Notre engagement, d’ici 2030, c’est aussi d’investir 130 M€ sur Amiens et Saint-Beauzire pour moderniser les deux sites et les remettre en ordre de marche. Le projet ne tiendra que si l’usine d’Amiens retrouve sa capacité maximale de production et si elle se diversifie avec de nouveaux produits, ce qui repose sur le savoir-faire du centre de recherche et développement de Saint-Beauzire. »
Redevenir compétitifsLors du processus de reprise, les représentants du personnel de MetEx regrettaient que la moitié de l'effectif du siège puydômois soit laissée sur le carreau, ainsi que des compétences rares. Le directeur général d’Avril estime, lui, que le dimensionnement défini à Saint-Beauzire est le bon, au moins pour redémarrer : « Nous avons des anciens de MetEx dans le groupe et nous avons analysé les choses. Nous avons estimé que quarante était le bon effectif pour repartir. Si besoin, nous recruterons. »Lors de la visite du site de Saint-Beauzire, mardi, par Paul-Joël Derian, directeur développement durable et innovation du groupe Avril, Romy Honorine, responsable du site, était présente. Photo Avril
Dans l’immédiat, l’urgence est de relancer la machine après des semaines d’incertitudes et de dysfonctionnements. « Il n’y a plus de maintenance et le démonstrateur ne marche plus. Dès septembre-octobre, nous investirons pour tout remettre d’aplomb. »
Et retrouver une place dans un secteur toujours dynamique qu’Avril connaît bien. « Nous sommes le numéro 1 de la nutrition animale avec Sanders, gros consommateur d’acides aminés et qui sera le premier client d’Eurolysine. Le marché existe mais nous devons travailler sur le prix de revient pour redevenir compétitifs. »
Direction : des anciens à la barreRudolph Hidalgo, qui était directeur général adjoint de MetEx, reste à la barre en tant que PDG d’Eurolysine. Pour Saint-Beauzire, Romy Honorine, responsable du site, est également une ex-MetEx
Patrice Campo