Pour compléter son cycle dédié à Michael Haneke, Arte diffusera sur sa chaîne à partir du 1er août les premières œuvres méconnues du cinéaste, initialement conçues pour la télévision autrichienne : Trois chemins vers le lac, Lemmings 1 – L’Arcadie, Lemmings 2 – Blessures et La Rébellion. L’occasion de réexaminer son œuvre à l’aune de ces films, qui dessinent déjà les contours esthétiques de ses thématiques.
Malgré les lourdes contraintes budgétaires de ses premières réalisations, Haneke a joui d’une liberté artistique permettant l’expression d’une inventivité et d’un style singulier. Même lorsqu’il s’agit d’adapter la nouvelle d’Ingeborg Bachmann, Trois sentiers vers le lac, en 1976, le cinéaste s’accorde des libertés, comme en témoigne notamment l’utilisation des flash-forwards et autres télescopages temporels pour retracer les souvenirs d’Elisabeth Matrei dans les dédales de ses promenades.
Après le succès de ce téléfilm, le cinéaste réalise en 1979 Lemming 1 (sous-titré ironiquement Arcadie), dans lequel il chronique la vie d’une jeunesse autrichienne minée de doutes et d’inquiétudes dans une société d’après-guerre en perte de sens et de valeurs. Ce malaise va aboutir à une rébellion aux effets délétères contre l’ordre établi défendu par les figures parentales.
Lorsque le directeur de la chaîne productrice lui commande une suite, Lemmings 2 – Blessures, le cinéaste transpose l’action vingt ans plus tard en dressant un constat amer des aspirations déchues de sa génération, accablée par le poids de l’héritage et de l’histoire.
En 1993, Michael Haneke adapte le roman La Rébellion de son compatriote Joseph Roth, publié en 1924. Pour raconter la plongée du soldat Andreas Pum – de retour des tranchées – vers le nihilisme, il choisit d’encapsuler le film dans un ton sépia et opte pour une esthétique expressionniste.
Pour compléter cette programmation, Arte diffusera également un dialogue entre Michael Haneke et le journaliste Olivier Père, ainsi qu’un numéro de Blow-up consacré aux génériques des films du cinéaste.