Le tribunal correctionnel de Tulle a jugé deux hommes, hier lundi 15 juillet, dans un même dossier où deux trafics de stupéfiants étaient liés. Le premier alimentait le centre de détention d’Uzerche et était orchestré de l’intérieur par Ilyass Ahallafe, 23 ans, incarcéré et premier prévenu à s’expliquer devant les magistrates. Entre le 1er décembre 2023 et le 3 juin 2024, il était suspecté d’avoir organisé dans l’établissement des rentrées de produits prohibés, cannabis et cocaïne principalement. Les livraisons, qu’achalandait un trafiquant déjà jugé, étaient effectuées par projections, mais aussi à l’aide de deux « mules », via les parloirs.
DénégationsMais malgré toutes les interceptions téléphoniques réalisées par les enquêteurs de la gendarmerie, attestant des transactions et commandes de drogues, le jeune mis en cause a refusé toute responsabilité. « J’évoquais des produits car je consomme, je parlais de la drogue en général, pas du trafic qu’on me reproche. Je n’ai rien à voir avec tout ça. » De quoi agacer la procureure de la République, qui lui a opposé : « Monsieur, vous plaisantez ? On vous entend clairement indiquer comment conditionner les produits, détailler leur prix de revente au centre de détention ! » La représentante du ministère public, dénonçant la mauvaise foi du prévenu et insistant sur l’étendue de ce commerce illicite, a requis 4 ans de prison ferme et un maintien en détention.
Autre prévenu, Redoane Reguibi, 30 ans, était mis en cause pour un autre trafic de stupéfiants organisé avec le dealer qui fournissait la prison et qui alimentait tout un secteur de haute-Corrèze allant de Meymac à Ussel. Lors de l’interpellation du dealer commun aux deux trafics, de retour de Limoges où il était retourné s’achalander, les enquêteurs de la brigade de recherches de Tulle avaient perquisitionné 507 g de résine de cannabis, 110 g d’herbe et 12 ogives de cocaïne, soit 114 g. « Auditionné, il a indiqué que la moitié était pour vous », a rappelé la présidente au prévenu trentenaire, en précisant que 23 allers-retours avaient été dénombrés lors des investigations. Selon la procureure, ces trajets auraient au bas mot généré un bénéfice net de 65.000 €. « S’il m’a désigné, c’est qu’il m’en veut. Il avait menacé de se venger », s’est défendu le co-auteur de ce second trafic. Une peine de 5 ans et la révocation d’un sursis antérieur à hauteur d’1 an ferme ont été requis.
Réquisitions suiviesDes demandes inconsidérées, ont tour à tour plaidé Me Cronnier pour le détenu trafiquant et Me Labrousse pour le mis en cause dans le trafic du nord-Corrèze. « Rien n’a été retrouvé dans la cellule de mon client. Ni produit, ni argent », a avancé le premier avocat quand son confrère a martelé : « Rien de suffisant ne peut être retenu à charge. En tout cas, pas les accusations du dealer qui avait clairement menacé de se venger. » Le tribunal a condamné Ilyass Ahallafe à 4 ans ferme, tout comme Redoane Reguibi, pour lequel une révocation de 1 an de sursis a en plus été prononcée. Tous deux disposent d'un délais de 10 jours pour former appel de leur condamnation.
Julien Bachellerie
