Le nord de la France attend le soleil pour lancer une saison touristique déjà bien engagée dans les régions du sud

Depuis plusieurs semaines, lorsqu’il regarde le bulletin météo de la Bretagne, Nicolas Dayot a le moral dans les chaussettes. Et ce ne sont pas les prévisions de ce début de semaine qui vont rassurer ce gérant de camping dans le Finistère et le Morbihan. La pluie sera encore de la partie et les températures ne dépasseront guère les 20 degrés.

« On a eu six mois de mauvais temps et en termes de fréquentation, le début du mois de juillet n’est vraiment pas bon », se désole celui qui préside également la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA). Pourtant, après un été 2022 caniculaire dans le sud de la France, les régions du nord de la France avaient vécu une année 2023 historique, les Français étant partis à la recherche de fraîcheur.

« Mais cette année, avec le printemps pluvieux, on est revenu à un schéma plus classique et les régions du sud, PACA en tête, ont retrouvé des couleurs et on a un contraste territorial extrêmement marqué »

En fin de semaine dernière, quand la Normandie affichait un recul de 16 %, le nombre de nuits acquises – c’est-à-dire passées ou déjà réservées – était en hausse de 14 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 3 % en Occitanie et 2 % en Nouvelle-Aquitaine. Sachant que ces trois régions, ajoutées à Auvergne - Rhône-Alpes représentaient les deux tiers des 141 millions de nuitées recensées en 2023.

À Paris, en attendant le début des Jeux olympiques, l’heure n’est pas à la fête non plus. Travaux, désagréments liés à l’organisation, fermeture temporaire de certains sites emblématiques… Visiter la capitale en ce moment semble faire un peu peur, notamment aux touristes étrangers. Sur les trois premières semaines de juillet, avant la cérémonie d’ouverture du 26, l’office de tourisme de Paris table ainsi sur une baisse de près de 15 % des arrivées internationales.

Mais pour Nicolas Dayot, le mauvais temps et les Jeux olympiques ne sont pas les seules explications aux débuts mitigés de la saison touristique. Le contexte politique, entre la dissolution de l’Assemblée nationale et les élections législatives, n’aurait pas aidé. « Dans la semaine qui a suivi l’annonce de la dissolution, il y a une baisse de 16 % des réservations et cela a eu des répercussions directes sur les chiffres de juin, où l’on n’a presque pas eu de dernière minute, et sur ceux de début juillet », assure le président de la FNHPA.

Pourtant, tout n’est pas perdu et il reste des raisons d’espérer. Dans les campings, les étrangers, qui réservent généralement dès les premiers mois de l’année, sans se soucier de la météo, sont au rendez-vous. « On est sur une hausse de 6 %, avec un nombre de visiteurs étrangers qui correspond à ce qu’il était avant la période du Covid », constate Nicolas Dayot. Du côté des Gîtes de France, on est également moins tributaire de la météo.

« Chez nous, les Français anticipent fortement leurs réservations pour avoir le choix de l’hébergement. Les biens avec des équipements de loisirs comme une piscine ou un jacuzzi se réservent très vite et très tôt »

En fin de semaine dernière, elle recensait des taux d’occupation proches des 80 % pour les mois de juillet et d’août, avec en top 3 des départements les plus prisés : Pyrénées-Atlantiques, Finistère et Corse.

Des chiffres semblables à l’année dernière, et qui devraient finir de grimper dans les prochaines semaines. « On devrait atteindre les 95 % en août avec quelques réservations de dernière minute, notamment si la météo est au rendez-vous » prévoit Solange Escure.

Nicolas Dayot mise également beaucoup sur les séjours de dernière minute pour conforter une suite de saison qui s’annonce prometteuse. « Si le temps s’améliore dans la semaine, on peut espérer sauver juillet, veut croire le gérant de camping breton. Mais en août et en septembre, nous sommes bien au-dessus de l’an dernier à la même époque donc cela devrait pouvoir compenser les dernières semaines difficiles ».

Maxime Escot