Suite et pas fin dans l’affaire de l’exploitation des phosphates de Matam. Et la directive du ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, sensée aboutir à un dénouement, semble tomber dans l’oreille d’un sourd.
Djibril Diawara, coordonnateur du Collectif pour la défense des intérêts des impactés de Hamady Hounaré n’a pas mâché ses mots. Il interpelle le nouveau régime à qui il demande d’essayer de revoir les contrats et d’exiger aux sociétés minières à respecter leurs engagements : « En tant que multinationale, la SOMIVA s’enrichit sur le dos des populations et ne fait pas son devoir vis-à-vis de ces communautés. Ce n’est pas normal… Nous souffrons énormément de cette exploitation minière ».
Pour mémoire, les nouvelles autorités en charge des Mines avaient intimé les sociétés dont Serpm, Soma et la Somiva, d’arrêter toutes activités d’extraction de phosphate jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. Mais la Soma et la Somiva, selon notre interlocuteur, « font la sourde oreille. Elles ont fait fi aux recommandations du ministre des Mines et elles ont repris l’extraction. Une exploitation illégale qu’à toujours dénoncé la Serpm d’ailleurs« . Il interpelle le Ministre des mines et de l’énergie « car les travailleurs de la Serpm veulent que le dossier soit dépoussiéré et que le Serpm reprenne sa mine qu’elle a obtenu par décret présidentiel datant de 2011 et qui n’a pas été abrogé par l’ancien régime, ni par celui ne Diomaye".
Pour sa part, après avoir saisi les autorités compétentes, la Serpm a constaté la reprise des travaux de la part de la Soma et la Somiva, par voie d’huissier. « Le ministre Birame Souleye Diop était ici le 7 mai 2024. Et lors de cette visite, nous les populations avions fait part de notre espoir que les différentes problématiques que nous vivons soient un mauvais souvenir. Mais après son départ, c’est devenu pire. Parce que sur le lieu du litige, les travaux avaient été arrêtés après la visite du ministre. Mais quelques jours après son départ, la Soma et la Somiva ont encore ouvert une nouvelle brèche« , dénonce Djibril Diawara.
D’après lui, ces derniers n’ « ont même pas encore dédommagé les concernés… Ils sont en train d’exploiter au vu et au su de toutes les autorités administratives et locales. Nous avons interpellé le Gouverneur, le Préfet, le sous-préfet de Wouro Sidy qui s’est déplacé sur le site et a constaté ce qu’ils sont en train de faire. Nous tous étions là, les populations des deux communes pour les empêcher de travailler. L’autorité administrative a pris note et nous avait promis qu’il allait faire son rapport et de l’envoyer à sa hiérarchie. Depuis lors, nous n’avons eu aucun retour… »
« Nos jeunes ne travaillent pas dans la mine comme il se doit. Et la seconde chose c’est que les différents fonds destinés à nos communautés n’ont jamais été effectifs. Et la responsabilité sociétale de l’entreprise n’a jamais été respectée…« , réclament-il que les engagement auprès des différentes communes, prises par ces entreprises, « soient respectés".
« La Serpm a toujours respecté le plan RSE. Mais depuis qu’elle a été interdite d’exploiter sans raison valable, les autochtones broient du noir« , selon toujours Diawara. Qui plaide pour une solution qui pourrait « arranger les populations locales. Mais surtout que la Serpm qui emploie des centaines de fils du terroir retrouve sa mine car, avec elle, il n’y a jamais eu de remous".
D’après Senego, il rappelle ainsi, que dans le rapport 2022 de l’ITIE, il a été révélé que la Somiva fait un chiffre d’affaire de plus de 56 milliards pour une exploitation de 556 449 tonnes de phosphate exportée. « Actuellement, nos communautés souffrent de cette exploitation minière, parce qu’on ne s’y retrouvent pas. Les retombés de cette exploitation minière n’ont pas eu d’impact sur les populations« , regrette-t-il. Senego a tenté de joindre les responsables des sociétés minières. En réaction, la Serpm a préféré ne pas se prononcer. Mais quand même tient à préciser qu’ils prennent acte.