A Dortmund, où le rapport de force en tribune leur était défavorable, les "Three Lions" ont dompté la vague orange des supporters adverses et éteint les espoirs néerlandais, encore déçus pour la quatrième fois d'affilée à ce stade de la compétition (après 1992, 2000, 2004).
Les Anglais ont gagné cette bataille de chaque instant avec le coeur et leur talent, celui du banc d'où est sorti Ollie Watkins pour crucifier la bande de Ronald Koeman à la 90e+1.
Au coup de sifflet final, le capitaine Harry Kane qu'il a remplacé a été le premier à se jeter dans les bras du buteur d'Aston Villa, suivi par une bande furieuse et joyeuse de joueurs en liesse.
"Il reste un match pour entrer dans l'histoire", a lancé Kane au micro de la chaîne ITV. "Le parcours a été difficile, mais il reste un match. 90 minutes, 120 minutes, des tirs au but, peu importe ce qu'il faudra, nous serons là. J'ai hâte d'y être".
"Sweet Caroline", l'hymne des supporters anglais, a envouté les travées occupées par ces derniers, ivres de joie, et pas seulement.
Ils ont vu leur équipe comme ressuscitée après un tour plus que poussif, animée par un entrain et une harmonie pas encore aperçus en Allemagne.
Le mérite revient aussi au sélectionneur Gareth Southgate, audacieux dans ses changements en cours de match, malgré la lourde pression sur ses épaules.
Ses joueurs affronteront l'Espagne, dimanche à Berlin, dans la première finale disputée par l'Angleterre hors de ses terres. Ils espèreront faire mieux qu'en 2021 face à l'Italie (défaite aux tirs au but), et aussi bien que leurs aînés de 1966, champions du monde à domicile.
Des tirs cadrés, enfin
Dans le jeu, il aura fallu attendre le dernier carré, et leur adversaire le plus relevé jusqu'à présent, pour voir les Anglais se réveiller, enfin, avec à la clé un football tourné vers l'avant et enthousiasmant, surtout avant la mi-temps.
Devant, il y a eu du mouvement, des idées et des occasions franches, bref, tout ce qui a manqué jusqu'alors.
Il avait fallu attendre le but de Jude Bellingham dans le temps additionnel pour voir leur premier tir cadré contre la Slovaquie (2-1 a.p.), idem face à la Suisse (1-1, 5-3 t.a.b.) avec l'égalisation de Bukayo Saka.
En bon capitaine, Harry Kane a cette fois réglé la mire dans le premier quart d'heure d'une frappe sèche repoussée par Bart Verbruggen (13e).
Le hic, c'est que les Pays-Bas menaient déjà à ce moment-là. Plus tôt, Xavi Simons était venu chiper le ballon dans les pieds de Declan Rice pour envoyer dans les filets, en glissant, une lourde frappe (7e, 1-0).
Pas abattue pour autant, l'Angleterre a pris le jeu à son compte, notamment sous la baguette de Phil Foden. Dans sa position axiale préférentielle, le meneur de Manchester City s'est baladé entre les lignes et fait peser une menace constante.
Il a slalomé dans la surface et vu son tir contré sur la ligne par Denzel Dumfries (23e), frappé sur un poteau (32e) et contraint Verbruggen à un arrêt (39e).
L'égalisation n'est pas venue de lui, cependant, mais d'une incursion de Bukayo Saka. Le ballon s'est retrouvé devant Kane, le capitaine l'a repris de volée avant de s'écrouler, touché dans son élan par le pied de Dumfries. La vidéo a convaincu l'arbitre d'accorder un pénalty.
Kane l'a tiré en force, à ras de terre près d'un poteau (18e, 1-1), repoussant au passage le souvenir douloureux de son échec aux onze-mètres face à la France en quarts de finale du Mondial-2022.
Les Pays-Bas ont eux aussi eu des occasions, notamment une tête de Dumfries sur le haut de la barre transversale (30e) et une frappe de Virgil van Dijk repoussée par Jordan Pickford (65e).
Mais il leur a manqué ce petit plus que les Anglais avaient, mercredi. La sortie sur blessure de Memphis Depay en première période ne les a pas aidés.