La soirée avait débuté dans la tension. Avant même le début du conseil communautaire, Jean-Luc Perrin, élu sanflorain et chef d’entreprise dans la zone du Rozier-coren, s’emportait sur la présence de gens du voyage au Rozier-Coren.« Ce n’est plus possible pour nous, entrepreneurs, de les tolérer », tonnait-il. En référence à l’arrivée d’une mission évangélique le 28 juin sur la zone.La présidente de Saint-Flour communauté évoquait la question dès le début du conseil. En répondant à une question écrite de Patricia Rochès, ce qui formellement excluait tout débat. La maire de Coren dénonçant dans ce courrier « l’inaction » et « l’incapacité à protéger les riverains » de l’intercommunalité qui, selon elle, a « transformé le Rozier en nouvelle aire d’accueil ».Agacée, Céline Charriaud lui a répondu que « selon le schéma départemental, Saint-Flour communauté n’a pas la compétence pour ce type de missions de grand passage, ils devraient aller sur l’aire de Crandelles. En ce qui concerne les nuisances sur des terrains communaux, il en va du ressort du pouvoir de police du maire. Sur les terrains intercommunaux, nous avons fait ce qu’il fallait : arrêté d’interdiction, passage d’huissier, recours, et deux arrêtés d’expulsion ont été prononcés par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand. On ne peut faire plus. »
Mais le problème ne se limite pas à cette zone. Le 29 juin, Patricia Rochès et Jean-Luc Perrin ont aiguillé des caravanes et 120 personnes vers le stade d’Anglards. Adjoint de la commune, Guy Clavilier a lu une lettre du maire adressée au Préfet dans lequel il explique « qu’Anglards ne peut pas faire face. » Ce dernier menace de démissionner si les gens du voyage ne sont pas rapidement expulsés.
PLUILa soirée s’est poursuivie de manière plus apaisée. Pourtant, les dossiers majeurs ne manquaient pas.À commencer par le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI). Un moment « majeur » selon le terme répété par la présidente de Saint-Flour communauté, Céline Charriaud. Arrêté en novembre dernier, ce PLUI a ensuite connu une phase d’enquête publique. Avant d’être modifié, suite à des concertations avec les communes, entre autres.
Ainsi, la superficie constructible en zone résidentielle augmente de 10 hectares, les possibilités d’extension de zones, à Vabres ou au Rozier Coren, ont été redessinées, la carte des bâtiments agricoles fléchés pour un changement de destination a été revue… « Cette concertation a dû fonctionner vu le peu de remarques ce soir », se satisfaisait Céline Charriaud. Ce qui émouvait même l’élu en charge du dossier, Pierre Chassang. En effet, seules deux élues ont voté contre. Patricia Rochès, maire de Coren, qui « regrette que mes remarques n’aient pas été prises en compte. Que ce soit l’examen de la capacité en eau et assainissement nécessaire avant d’ouvrir à l’urbanisation. Ou le fait qu’on supprime des terres naturelles et agricoles, comme la zone Natura 2000 de Coren qui sera détruite pour l’extension de la zone du Rozier. » Marina Besse, maire de Mentières, ne pouvait pas « voter un document qui, en s’inscrivant dans la loi, je sais qu’on ne peut pas faire autrement, signe la mort de nos petits hameaux en interdisant d’y construire. »
PCAETLe Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET), approuvé une première fois il y a un an, a passé sa phase de concertation, et a été voté avec trois abstentions, et sans débat. « La plupart des remarques formulées ont concerné la ressource en eau, résumait la vice-présidente, Martine Guibert. Avec des points de vigilance soulignés sur les zones humides et en particulier la narse de Nouvialle. Pour le reste, il n’y a pas eu d’observations fondamentales. » « Ce document nous permet d’affirmer nos positions, ajoutait Céline Charriaud. Comme le fait qu’on ne veuille pas d’éoliennes nouvelles. Cela nous donnera des arguments face aux décisions descendantes. »
Schéma cyclableLe schéma cyclable était, lui, présenté pour la première fois. Et Céline Charriaud a souligné qu’« il s’agit de pistes de réflexion, qui n’obligent en rien les communes. Ces dernières sont maîtresses de ce qu’elles font en la matière, mais ce schéma permet d’offrir un cadre pour solliciter plus facilement des partenaires financiers. » Le maire de Saint-Flour, Philippe Delort, notait pour sa part « que les objectifs d’investissement, 9 millions d’euros sur l’intercommunalité, 4 sur la ville de Saint-Flour, me semblent idéalistes, ou irréalistes. » Parmi les trois élus qui ont voté contre (pour deux abstentions), le maire de Montchamp, Jean-Paul Resche, expliquait que « pour moi ce plan est complètement inadapté, vu nos conditions géographiques et météorologiques. On ne va pas emm… 4.000 voitures pour deux vélos. » Libre à chaque commune d’en décider.
Yann Bayssat
