« Quand j’ai fait des plans ça n’a jamais vraiment marché, il faut une trame et après c’est surtout au feeling, avoir l’esprit libre et courir sans arrière-pensées » : longtemps vu comme méthodique et calculateur, Bardet a changé d’approche pour laisser parler ses tripes sur le vélo.
Sans la pression de maîtriser sa course de bout en bout pour viser le classement général, le coureur de 33 ans s’amuse depuis le début de ce Tour, son dernier, et compte bien prolonger le plaisir lors des deux dernières semaines.
Peut-être même dès la 11e étape ce mercredi 10 juillet, qui sillonnera les raides monts du Cantal, supplices pour les jambes que Bardet connaît bien pour y avoir grandi et pédalé.
"Je ressens bien un surplus d’encouragements"« Ça va être un grand moment, on sait comment je suis attaché à ces terres-là, même si je ne sais pas trop ce qui se trame, je ressens bien un surplus d’encouragements et d’affection depuis ce qui s’est passé le week-end dernier », assurait le leader de la DSM-firmenich, lundi lors de la journée de repos.
Ce qui s’est passé ? Une victoire au panache dès la première étape à Rimini, synonyme de premier maillot jaune de la carrière du trentenaire. Ce maillot jaune, lâché le lendemain, a permis à Bardet d’aller au bout de son histoire avec le Tour, alors qu’il a annoncé avant le Grand départ qu’il prendra sa retraite après le Dauphiné, en juin 2025.
Deuxième de la Grande boucle en 2016, troisième en 2017, Bardet a incarné une vraie chance française de remporter un grand Tour, certainement plus que Thibaut Pinot.
Soit je passerai en tête, soit je passerai en étant lâché, il n’y aura pas d’entre deux.
Et le virage incandescent organisé dans le Markstein pour le Vosgien l’an dernier a donné des idées au pays des volcans, où toute une cohorte fêtera Bardet dans le pas de Peyrol (5,4 km à 8,1 %).
« Soit je passerai en tête, soit je passerais en étant lâché, il n’y aura pas d’entre deux », prévient l’ancien leader d’AG2R, décrit comme un « gros travailleur qui fait beaucoup de sacrifices » par son ami Warren Barguil.
Un avis que partage tous ceux qui le connaissent ou l’admirent, à l’image du sprinteur français de sa génération, Arnaud Démare, qui parle de « professionnalisme et rigueur », alors que le jeune Kévin Vauquelin évoque un coureur qui « ne laissait pas de place au hasard ».
Les "Allez Bardet" sont devenus des "Allez Romain"Mais Bardet a changé, mûri, et se laisse désormais porter par la course. « J’ai toujours dû me brider, calquer ma course sur d’autres pour jouer le jeu sur le long terme, ce n’est pas quelque chose que j’apprécie faire », assure-t-il.
« Sur le Tour, les gros coups viennent seulement de l’instinct, de la surprise », assène le grimpeur de Brioude, qui prévoit aujourd’hui d’« être à l’attaque, montrer (son) vrai visage ».
Un visage apparu en fin de carrière, qui lui a permis d’entrer un peu plus dans le cœur d’un public qu’il avait déjà fait vibrer en faisant vaciller Chris Froome en 2017, passant tout près de devenir le successeur français de Bernard Hinault au palmarès du Tour.
« J’étais déjà très encouragé sur le bord des routes, mais c’était souvent des “Allez Bardet”, maintenant c’est devenu à 100% des “Allez Romain” », sourit-il.
Tadej Pogacar et Remco Evenepoel ont une nouvelle occasion de mordre les mollets de Jonas Vingegaard ce mercredi 10 juillet, lors de la 11e étape du Tour de France qui promet des étincelles dans les monts du Cantal.
Avec ses 4.350 m de dénivelé positif en 211 km, c’est une vraie petite étape de montagne qui attend le peloton entre Evaux-les-Bains et la station de ski du Lioran.
« On entre vraiment dans le vif du sujet. Ce n’est pas de la haute montagne mais il y a moyen de se faire plaisir et d’attaquer avec des cols courts mais pentus. Le Puy Mary c’est raide, Perthus derrière c’est raide, Néronne aussi », expose Thierry Gouvenou, l’architecte du parcours.
Le peloton va enchaîner quatre ascensions répertoriées dans les cinquante derniers kilomètres avec les cols de Néronne (3,8 km à 9,1 %), du pas de Peyrol (5,4 km à 8,1 %), du Perthus (4,4 km à 7,9 %) et de Font de Cère (3,3 km à 5,8 %), tous plantés entre 1.200 et 1.600 m d’altitude.
C’est aussi une étape particulière pour Romain Bardet qui, sur ses terres auvergnates, aura un virage à son nom dans le Pas de Peyrol, comme Thibaut Pinot l’an dernier dans les Vosges.
Départ d’Evaux-les-Bains à 11 h 20 (réel à 11 h 30), arrivée au Lioran à 16 h 54 (à une moyenne de 39 km/h)
AFP