Autour de la place de la République, et dans la rue du Temple, celle où s’engagent les cortèges de la gauche parisienne, de nombreuses vitrines sont barricadées par des grands panneaux de bois aggloméré.
Dimanche soir, environ 8.000 personnes ont commencé à se rassembler pour manifester contre le RN. À l’annonce des premiers résultats, la protestation s’est muée en liesse.
Ce qui n’a pas empêché le rituel affrontement entre quelques centaines de black blocks et les forces de l’ordre.
Photo Franck Boileau
Lundi, les commerçants se disaient plutôt blasés, comme Ouida, qui tient une bijouterie à l’entrée de la rue du Temple : « Ça a toujours été le bazar. On voit passer des manifestations, on a toujours la police devant chez nous, ça ne change rien ». Cette commerçante se sent soulagée par la mise en échec du Rassemblement national : « ça aurait fait couler le pays. Les gens auraient réfléchi avant d’investir ou de dépenser ».
« Ça baisse depuis les Gilets jaunes »Si ce quartier n’est pas le plus touristique de la Capitale, Ouida espère que l’effet JO compensera un climat social agité peu propice aux affaires : « On a toujours des touristes en juillet/août qui viennent remplacer les Parisiens qui partent. On en espère un peu plus ».
À l’angle de l’avenue de la République, Mon Coco est une grande brasserie parisienne typique, ouverte « jusqu’à pas d’heure » (4 heures du matin précisément). Justine, qui pilote le service du midi, considère que l’apport des JO s’annonce « fragile ».
Une grande brasserie doit beaucoup brasser, or pour cette jeune responsable : « Le climat politique, le climat tout court, et tout ce qui se passe dans le monde, ce n’est pas top ».
L’établissement est habitué à fermer sporadiquement quand ça commence à chauffer sous la statue de la République : « Commercialement, c’est une catastrophe, les gens ont peur de venir. On a une énorme baisse depuis les Gilets jaunes. Là, on espère que ça va se calmer ».
Il ne manquerait plus que recommence la « paranoïa des punaises de lit » (N.D.L.R : possiblement montée en épingle par des trolls russes) pour que les serveurs de chez Coco perdent leur gouaille parisienne.
Les habitants et professionnels du quartier République se consolent en se disant que les perturbations des Jeux olympiques y seront limitées.
Après une série de nuits agitées, le quartier espère bénéficier de la vague olympique. photo Franck Boileau
Par précaution, Jean-Pierre, un permanent de la CGT qui travaille à proximité, a tout de même prévu de se « barrer, car ça va être un bazar monstre ».
Yanis, qui a ouvert une boutique de produits au CBD place de la République, se fait fort de « détendre » tout le monde » : le Parisien stressé, le touriste et même le manifestant.
« Dès qu’il y a une manif, on se met dans la rue avec une pipette à huile de CBD et on demande aux gens de tirer la langue pour leur en mettre une goutte ».
Texte : Julien RapegnoPhotos : Franck Boileau