Pendant près de quatre décennies, les amateurs de sports et de mode n’ont cessé de franchir la porte de Sports Loisirs, en plein cœur du Puy-en-Velay. Spécialisée dans les équipements sportifs, la boutique s’était forgée une solide réputation.
Marcel Anthouard avait flairé le bon coup en se lançant dans cette aventure en 1988, rapidement rejoint par sa femme, Marie-Thérèse. "Dans un premier temps, ils n’occupaient qu’une partie de l’espace de la boutique actuelle et cela représentait environ 50 m²", se souvient leur fille, Stéphanie.
À l’époque, les clients ne venaient pas seulement pour se chausser. Il était possible de venir corder ses raquettes de tennis ou de s’équiper avant d’aller skier aux Estables. L’extension du magasin, dans les années 1990, avait permis de se consacrer davantage aux chaussures. Sports Loisirs faisait alors la part belle aux sports collectifs, au basket-ball, et évidemment aux coureurs et randonneurs. "C’était aussi la période où les grandes marques comme Adidas ou Nike arrivaient avec des produits pointus. Mon père s’appliquait toujours à proposer les derniers modèles", souligne Stéphanie Anthouard.
La bascule dans l’e-commerce dès 2009Avec son conjoint, Frédéric Fargeot, elle prenait le relais de Marcel en 1998, "après une cinquième proposition", et à la suite d’un début de carrière dans l’agroalimentaire. À ce moment-là, le couple avait notamment su s’engouffrer dans la nouvelle tendance des "sneakers" de mode.
Mais les gérants basculaient surtout dans une nouvelle dimension en 2009, lorsqu’ils se lançaient dans l’e-commerce. Pour devenir des précurseurs en la matière. "On me regardait avec des gros yeux quand on a commencé, se souvient Stéphanie Anthouard. Les gens me disaient que ça ne marcherait pas, parce que les clients devaient absolument essayer leurs chaussures."
Finalement, jusqu’à la fin des années 2010, Sports Loisirs connaissait son âge d’or, en partie grâce aux ventes en ligne. Avant "d’être confronté à des changements de distribution", suite au Covid. Pour les petits commerçants indépendants, il est devenu "de plus en plus difficile de s’approvisionner chez des marques comme Nike, Adidas ou Convers. C’est pourquoi des clients regrettaient ne plus retrouver certains modèles comme les Stan Smith ou les Air Force".
Ce nouveau contexte défavorable a donc poussé le couple à vendre, en 2024. "L’aventure s’est quand même mieux terminée que ce que l’on imaginait, reconnaît Stéphanie Anthouard. La liquidation nous a permis de recevoir de nombreux témoignages d’affection et de remercier nos clients pour leur fidélité durant de nombreuses années."
Lucas Jacquet
