Le projet d’expulsion des migrants du Royaume-Uni vers le Rwanda ne se fera finalement pas. Le nouveau Premier ministre britannique, Keir Starmer, a confirmé ce samedi 6 juillet qu’il n’était "pas prêt" à poursuivre le projet du précédent gouvernement conservateur. Celui-ci "était mort et enterré avant même de commencer. Il n’a jamais été dissuasif, je ne suis pas prêt à continuer avec des mesures gadget", a affirmé, lors d’une conférence de presse organisée après le premier conseil des ministres du gouvernement travailliste, celui qui a été officiellement nommé vendredi par Charles III au 10 Downing Street.
Lorsqu’il était dans l’opposition, le chef du parti travailliste avait déjà annoncé son intention de mettre fin ce projet controversé des conservateurs, lancé en 2022 mais jamais mis à exécution. Le sujet de l’immigration a été un des principaux thèmes de la campagne électorale qui vient de s’achever au Royaume-Uni, et qui a vu le Labour remporter une très large majorité à la Chambre des Communes.
Après un précédent texte retoqué par la Cour suprême fin 2023, cette loi permettant les expulsions a été adoptée au printemps dernier. Le précédent Premier ministre, Rishi Sunak, comptait débuter les expulsions cet été et les autorités avaient commencé début mai à arrêter des migrants susceptibles d’en faire partie. Mais avec l’incertitude que faisait peser le scrutin législatif, la justice avait ordonné la libération de dizaines d’entre eux. Le texte prévoyait ainsi d’envoyer les demandeurs d’asile arrivés illégalement sur le sol britannique au Rwanda, qui aurait eu à sa charge le traitement de ces demandes. Selon la BBC, le gouvernement britannique a déjà versé près de 240 millions de livres sterling au Rwanda en 2023.
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Le 30 avril dernier, les médias britanniques avaient rapporté que la Grande-Bretagne a envoyé le premier demandeur d’asile volontaire au Rwanda dans le cadre de ce programme. Le gouvernement du désormais ex-Premier ministre Rishi Sunak avait annoncé qu’il comptait expulser 5 700 migrants vers le Rwanda en 2024.
Les travaillistes ont promis, durant la campagne, de lutter contre l’immigration illégale, en particulier contre l’arrivée de migrants sur de petits bateaux via la Manche. Le nouveau gouvernement prévoit notamment de déployer des moyens inspirés de la lutte antiterroriste pour contrer les groupes de passeurs. Et il veut encore renforcer la coopération avec l’Europe, notamment la France. Il s’est aussi engagé à augmenter les moyens de traitement des demandes d’asile au Royaume-Uni, alors que le système est engorgé depuis plusieurs années.
Depuis le début de l’année, plus de 13 500 migrants ont traversé la Manche pour arriver au Royaume-Uni. Après avoir baissé l’an dernier, le nombre d’arrivées est reparti à la hausse depuis janvier. "Des années de travail acharné, des lois votées par le Parlement, des millions de livres dépensés pour un projet qui, s’il avait été mis en œuvre correctement, aurait fonctionné", a déploré ce samedi Suella Braverman, membre du parti conservateur et pressentie pour prendre la suite de Rishi Sunak. "De gros problèmes se profilent à l’horizon, qui seront, je le crains, causés par Keir Starmer", a-t-elle poursuivi.