Avec son exposition intitulée Faunes, à la chapelle Saint-Libéral, à Brive (Corrèze), jusqu'au 29 septembre, le plasticien haut-viennois François Lelong questionne notre rapport au monde sauvage.
Un buste d’homme à tête de biche, une centauresse, un homme à tête d’oiseau ou de cheval : les créatures hybrides, mi-humains mi-animaux, sont la signature de François Lelong, artiste plasticien exposé à la chapelle Saint-Libéral, à Brive (Corrèze), jusqu’au 29 septembre.
" Je les appelle des théranthropes, car c’est le terme utilisé par les préhistoriens", explique ce passionné d’histoire naturelle, d’archéologie et de mythologie. Si son exposition précédente était exclusivement consacrée aux théranthropes, François Lelong élargit le spectre en explorant les hydrides animal-végétal, d’où le nom Faunes.
Ode à la chasse nourricièreSur un fond noir, d’étranges trophées sont accrochés : des crânes de cervidés ornés de ramures faites de branches d’arbres, mais pas n’importe lesquelles. Bouleau, châtaignier ou genévrier : des essences habituellement mangées par les cerfs… Chez François Lelong, tout est symbolique.
Comment un buste signé Rodin a été découvert dans les réserves du musée Labenche à Brive ?
Un univers qui a touché l'équipe du Musée Labenche, le musée d'art et d'histoire de la cité gaillarde. Car science, archéologie et histoire font partie de l'ADN de ce musée qui anime également le site de la chapelle Saint-Libéral. Cette nouvelle exposition accueille en outre des œuvres spécialement créées pour le lieu.
Des éléments collectés dans la naturePour façonner ses sculptures, l’artiste installé à Nedde, en Haute-Vienne, utilise bois, lichen, os, poils et même des pelotes de réjection de chouettes. À ces éléments collectés dans la nature, à la manière des chasseurs-cueilleurs, il ajoute du plâtre ou de la chaux.
« J’associe des matériaux en lutte, car le bois bouge mais le minéral est stable. »
Une lutte symbolique de la tension entre le domestiqué et le sauvage ? Entre l’humain et le vivant “non-humain” ? François Lelong s’inscrit en effet dans ce courant des sciences sociales qui réinterroge la séparation entre nature et culture, à l’instar de l’anthropologue Philippe Descola.
Mais il se veut avant tout le « modeste héritier des artistes du paléolithique ». Un travail poétique et puissant.
Actéon ou l'errance du sauvagePersonnage mythologique, Actéon est un passionné de chasse à l'excès. La légende veut que la déesse Artémis l'ait puni en le transformant en cerf, finalement dévoré par les chiens. Mais il existe de nombreuses variantes. François Lelong a décidé d'écrire la sienne, dans laquelle Actéon serait devenu mi-cerf mi-homme, condamné à l'errance. De cette idée est née l'idée de sculptures d'Actéon qui voyagent au gré de "sites-refuges" pour matérialiser son errance. Un Actéon a ainsi été présenté à la grotte Bouyssonie en avant-première de l'exposition.
Exposition organisée par le musée Labenche à la chapelle Saint-Libéral, à Brive, jusqu’au 29 septembre 2024. Entrée libre. Renseignements au 05.55.18.17.70
Découvrez en images le vaste chantier de restructuration du musée Labenche de Brive
Emmanuelle Mayer
