Les résidents de l’Ehpad La Providence, à Issoire, ont reçu une visite assez particulière en ce début d’été. Chouchou (alias Madame Rastacouette, au regard de son état civil et vétérinaire), a franchi le seuil de l’établissement dont elle ne connaissait, jusqu’alors, que l’herbe du parc. Depuis le mois d’avril, sa propriétaire et bienfaitrice, Mélodie, fondatrice de l’association O’Grands Cœurs à Saint-Babel, l’a régulièrement conduite dans le grand jardin de la maison de retraite, afin qu’elle se repaisse de l’herbe.
Mais depuis la semaine dernière, Mélodie et ses complices, Annaëlle et Salomé, ont passé la vitesse supérieure… et appuyé sur le bouton de l’ascenseur. Direction: les chambres des 73 résidents de l’établissement. La visite de Chouchou avait été signalée, quelques jours plus tôt, par des affichettes dans les couloirs et les parties communes, histoire de ne pas effrayer les personnes âgées et les prévenir, surtout, de se tenir prêtes face à cette visite plutôt inattendue.Chouchou, elle, a d'abord eu une réaction de crainte en apercevant les portes de l'ascenseur s'ouvrir devant elle, puis a finalement franchi l'accès à force de persuasion de Mélodie, Salomé et Annaëlle. Quelques secondes plus tard, elle était aux portes des chambres, prête à entrer pour glaner caresses et compliments.
Tirer les chevaux d'un mauvais pas et offrir des retrouvailles avec les aînés"Ça nous tient à cœur de proposer des activités qui changent, qui vont surprendre les résidents et les faire sourire", explique Fanny Gagnaire, la dynamique directrice de l’Ehpad La Providence. En se rapprochant de Mélodie et de l’association O’Grands Cœurs, elle a aussi le sentiment de faire coup double : donner le sourire à ses résidents et soutenir une association locale exemplaire qui a pour ambition de sauver poneys, chevaux et ânes malmenés.Après l’entretien des espaces verts, les séances de médiation animale sont le deuxième acte du partenariat entre l’Ehpad et l’association.
"Ce genre d’action nous permet d’avoir des financements eu égard à l’originalité de ce que l’on propose. Et cela nous permet donc de rémunérer O’Grands Cœurs."
Une opération gagnant-gagnant (les poneys tondent aussi le gazon quand ils sont là, dans le parc) et même triplement gagnante à voir les visages, entre étonnement et émotion, des résidents.
"Je peux toucher sa petite houppette ?"La doyenne de La Providence, Jeanne Cernik,105 ans, ne sort plus de sa chambre. Impossible pour elle d’aller voir et caresser Chouchou ou Francky, l’autre poney, quand ils sont dans le parc. Mais là, appuyé contre la barrière de son lit, le cheval accepte les caresses, sans jamais un mouvement d’inquiétude ou d’impatience ; si ce n’est celle de chaparder une friandise ou deux dans le seau d’Annaëlle.
Friandises prévues au cas où… pour faire avancer le cheval de 17 ans, mais qui, finalement, trottera docilement dans les couloirs, comme dans un champ !
Chiper les petites gourmandises... ou du siropGourmande comme pas deux, Chouchou tente même de s’accaparer le verre de sirop de citron dans la chambre de Claudine. "Hep, là ! Tu laisses ça ici", la corrige Mélodie, dans un éclat de rire, habituée aux facéties de sa ponette.
"Ça me fait plaisir que vous me l’ayez amenée. Merci", apprécie, reconnaissante, une autre résidente, les larmes aux yeux.
J'avais des animaux, avant, chez moi : des vaches. Et puis un chien, un border
désigne la résidente, en montrant une aquarelle de l'animal, posée sur son étagère, face à son lit.
"Je peux toucher sa petite houppette ?", s’enhardit-elle, d’un coup. "Allez-y, lui conseille Mélodie. Et puis caressez là, aussi : c’est l'endroit le plus doux", lui glisse-t-elle en désignant ses naseaux. "C’est la zone des bisous." C'est sûr : à l'avenir, Chouchou n'en manquera pas, quand elle reviendra voir les résidents...
Marie-Edwige Hebrard
marie-edwige.hebrard@centrefrance.com
Chouchou le poney est entré à l'Ehpad rendre visite aux résidents.