Le début des années 1990 marque l’épanouissement d’une nouvelle ère artistique en France, portée par une génération de cinéastes audacieux·ses et décomplexé·es face à l’héritage de la Nouvelle Vague. Si cette nouvelle garde n’entérine pas distinctement un nouveau mouvement esthétique, elle se démarque par la qualité de ses mises en scène et la diversité de ses voix. Ensemble, ces cinéastes prennent le pouls des transformations sociales ou géopolitiques de la période, tout en propulsant une nouvelle génération d’actrices et d’acteurs en tant que visages emblématiques de leur époque.
À l’aube des années 1990, Éric Rochant lance le coup d’envoi de ce renouveau du cinéma français avec Un monde sans pitié, qui remporta le Prix Louis Delluc en 1989, le César du meilleur premier film en 1990 et dépassa le million d’entrées au cinéma. Loin de la violence annoncée par le titre, le premier long métrage du cinéaste chemine vers une légèreté nonchalante, en tentant de capter un certain climat social et idéologique représentatif de la Bof-génération parisienne de la fin des années 1980. On y suit Hippo, campé par Hyppolite Girardot, trentenaire désabusé, qui traîne ses guêtres dans le Quartier Latin et tombe amoureux d’une normalienne.
La Cinetek permet aussi de (re)découvrir le premier long-métrage d’Arnaud Desplechin, La Sentinelle, présenté en compétition officielle lors du 45e festival de Cannes, qui laisse poindre le langage cinématographique singulier et novateur du cinéaste. La sélection se complète avec Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard, Peaux de vaches de Patricia Mazuy, Ressources humaines de Laurent Cantet ou encore Oublie-moi Noémie Lvovsky.
Pour accompagner cette rétrospective, L’Agence du court métrage nous propose une nouvelle collection de “Trésors cachés” sur La Cinetek. Avant de s’engager sur la voie de la réalisation de longs métrages, la plupart des cinéastes de cette génération ont réalisé des courts métrages, souvent primés en festivals, dans lesquels transparaissent les jalons esthétiques et thématiques qui innerveront leur cinéma à venir.
Parmi les courts-métrages proposés par la plateforme, on retrouve Le Baiser de Pascale Ferran dans lequel elle fait poser des couples – jeunes et moins jeunes, hétéros et homos – et leur a demandé de s’embrasser pour scruter ce qu’il se passe sur leur visage juste avant, pendant et après un baiser. Le deuxième moyen métrage de Bruno Podalydès, Voilà, marque la collaboration entre le cinéaste et son frère Denis et laisse affleurer le ton comique et décalé caractéristique du cinéaste.
La sélection est complétée par le premier court métrage d’Eric Rochant Comme les doigts de la main, Jeux de plage et Tous à la manif de Laurent Cantet ou encore Paris-Ficelle de Laurence Ferreira Barbosa.
Alain Rocca, le producteur le plus emblématique de l’époque, et six cinéastes majeur·es témoignent à cette occasion de leurs années de formation, de leurs premiers pas à la réalisation ou à la production, et de leur passage du court au long.
Retrouvez la programmation complète sur le site de la Cinetek.