La mer est partout dans ce gros roman qui se dévore aisément. Elle est même un personnage à part entière. Divisé en quatre parties aux titres inspirés des marées (mortes-eaux, flot, jusant et revif), Cézembre, du nom d’une île de la baie de Saint-Malo, est le récit de la famille de Kérambrun sur plusieurs générations. Le nom même de cette famille bretonne fleure bon le large…
Face à l’île de CézembreTout commence plutôt mal pour le narrateur, l’historien parisien Yann de Kérambrun. En instance de divorce, il apprend le décès de son père, tandis que son fils semble se plaire à Berlin, bien loin de lui.
Face à ces bouleversements, il éprouve le besoin de se réfugier dans la maison familiale dont il hérite. Celle-ci domine la plage de Saint-Malo, face à l’île de Cézembre.
Octave de KérambrunC’est là qu’il découvre les minutieuses archives de son arrière-grand-père, Octave de Kérambrun. L’historien dépité s’y plonge et retrace le parcours de cet inventeur passionné, qui a imaginé des bateaux à moteur toujours plus performants, et fondé une compagnie maritime les faisant naviguer par tous les temps.L’habile construction du roman permet de suivre l’évolution de Yann, tout en découvrant, à travers son enquête, les méandres de la vie de son aïeul, beaucoup moins lisse que ce qu’avait transmis la légende familiale…
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Enquêter sur les générations précédentesCar il aura fallu à Octave, outre ses compétences techniques, une sacrée dose de ténacité pour imposer ses inventions contre vents et marées, au sens littéral de l’expression. Mais aussi pour surmonter des difficultés familiales occultées par le secret et le temps qui passe.
La mer reviendra, sans haine et sans colère.
Quant à Yann, mener cette enquête sur les générations précédentes l’aide à surmonter, ou au moins à relativiser, ses soucis personnels, tout comme sa rencontre avec une mystérieuse joggeuse sur la plage.
Saga familiale et roman historiqueSaga familiale, mais aussi roman historique, roman d’amour, roman policier : avec ses 560 pages, Cézembre joue dans toutes les catégories ! Il devrait arriver sur le podium des vrais bons gros romans de l’été, ceux que l’on prend le temps de dévorer au fil de journées moins bousculées…
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Une langue richeD’autant plus que le plaisir de lecture est augmenté par la richesse du vocabulaire. Hélène Gestern explore avec bonheur la complexité de la langue française, qui permet de décrire tous les états de la mer, de donner de la précision et du relief aux descriptions, aux personnages et aux situations.Cette langue soignée contribue aussi à distinguer les époques. Chez les Kérambrun, on s’exprime différemment à l’époque de Yann et à celle d’Octave. Ce n’est pas le seul élément qui a changé. Mais la découverte de ce passé permet à Yann de comprendre sa famille et lui-même. Et de goûter à nouveau la saveur de la vie…
Le roman Cézembre d’Hélène Gestern est paru chez Grasset ; 560 pages, 24 euros.
Pascale Fauriauxpascale.fauriaux@centrefrance.com
