Dans le brouhaha des caisses automatiques, elle a repéré le stand de loin. Comme de nombreux Thiernois qui s’arrêtent là par curiosité, Sonia a vu passer le concept à la télévision et sur les réseaux sociaux. "Je trouvais dommage que l’on ne voie pas ça ici", confie la mère de famille en attrapant l’un des colis surprises entassés dans un bac à l’entrée de la galerie Carrefour. Elle le porte à son oreille, puis le secoue vigoureusement. "Le truc, c’est qu’il faut tirer le bon lot. On peut vite être déçu."
Le principe se rapproche de la loterie avec des empaquetages à acheter au poids, sans savoir ce qu’il y a dedans. Ici, c’est 3 € les 100 grammes et dans un bac, on trouve aussi des paquets à 10 €, qui, à vue d’œil, contiennent des boîtes à chaussures. "C’est un peu comme le concept du ticket à gratter."
"On dépense une somme et c’est quitte ou double"
Un nouveau phénomène à l’échelle nationaleAvec Yohann Loussert, ils ont créé l’entreprise il y a deux mois, après avoir observé le concept cartonner dans tout le pays. "On avait déjà une sensibilité écolo avant, et avec le passage de la loi antigaspi, on a suivi l’affaire de près."Chaque année, ce sont des centaines de milliers de tonnes de produits qui ne trouvent pas leur acheteur. Depuis le 1er janvier 2022 en Europe, les colis perdus qui n’ont pas été réclamés ne peuvent plus être détruits, mais il est possible de les revendre en respectant un protocole strict. Par exemple, les noms des destinataires doivent être barrés au feutre noir. "On les achète à la tonne sur une plateforme en Allemagne, puis on les revend dans toute l’Auvergne", poursuit le chef d’entreprise. Ici, à Thiers, ou à Brioude, Issoire, Aurillac, Le Puy-en-Velay ou Moulins… "L’idée est de proposer ce concept là où il n’existe pas encore." Un procédé qui repose tout de même la question de l’impact écologique.
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Chacun sa stratégieDes très jeunes ou des personnes plus âgées, de tous les types de catégories socio-professionnelles, Gaëtan Azevedo voit des centaines de personnes fourrer leur nez dans les bacs tout au long de la journée. La seule qualité requise, c’est d’être joueur. Et chacun a sa technique. Méline, elle, mise plutôt sur les petits paquets. Pour 10 €, la lycéenne repart avec 10 colis. À l’intérieur : un câble jack, une trousse, un foulard, une coque de téléphone, un bonnet de bain ou des cartes Pokémon. "C’est souvent la stratégie, mais d’autres prennent plus de risques et mettent une plus grosse somme d’argent au départ, en espérant tomber sur un plus gros cadeau", rapporte le commerçant. Des chanceux ont déjà déballé un téléphone, une console de jeux ou un drone.
Il y a aussi des personnes plus prudentes à la vue du concept, qui craignent l’arnaque. Après avoir sous-pesé des dizaines de colis, Sonia, pressée ce jour-là, promet de repasser, mais elle ne veut pas faire un choix trop hâtif. "La vie est déjà assez chère, si je me précipite, je vais le regretter", pense la mère de famille.En résumé, il n’y a aucune garantie sur le contenu de la boîte, mais la part de mystère et l’ambiance de 25 décembre au matin rend visiblement l’achat plaisant.
"Ce que je préfère, c’est voir la réaction des gens lorsqu’ils ouvrent leur paquet. Même s’ils ne sont pas toujours satisfaits, c’est l’effet pochette-surprise qui fonctionne."
À terme, les deux associés originaires du Puy-de-Dôme souhaitent ouvrir un site internet et pourquoi pas une boutique pour faciliter la revente des colis. En attendant, Gaëtan est présent dans la galerie de Carrefour à Thiers jusqu’à ce soir. Alors, tenterez-vous votre chance ?
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Angèle Broquère
