L’un des dômes de l’établissement thermal de la Bourboule (Puy-de-Dôme) a été remplacé. Il est la face émergée d’un chantier d’envergure mené entre les murs des Grands Thermes depuis des mois.
Le temps d’une matinée, un dôme a volé la vedette au puy qui donne son nom au département, en braquant vers lui un nombre insensé d’objectifs d’appareils photo, smartphones et caméras… à La Bourboule.La vedette du jour est arrivée via un convoi exceptionnel, parti au petit matin des ateliers Nailler, du Brézet, à Clermont-Ferrand. Direction, les Grands Thermes de La Bourboule, en travaux depuis février 2023. Un convoi et une dépose spectaculaires, pour un chantier qui l’est tout autant (*).
Un dôme se dévoile, rutilantSi la majeure partie des opérations de rénovation a lieu à l’abri des regards, entre les murs des Grands Thermes et ne se dévoile qu’aux seuls ouvriers qui, jusqu'alors, voient de l’intérieur, ce site se métamorphoser, jeudi matin, tout le monde a pu profiter de cette étape importance et ultra-visible, à plusieurs mètres du sol.
"Le changement du dôme nord-ouest s’inscrit dans une restauration globale de la couverture. La charpente et les ornements de ce dôme-ci étaient très abîmés. Le choix a été fait d’en reconstruire un nouveau. Deux autres seront, en revanche, restaurés car moins altérés"
explique le directeur général chez Louis Geneste et Maurice Nailler à qui a été confiée cette réalisation emblématique par Eiffage Construction Auvergne, titulaire du marché de rénovation du site.Un nouveau colosse – de 3,5 tonnes –, confectionné en repartant de zéro, mais en s’inspirant rigoureusement de son modèle, celui qui trônait là, dès 1877, lors de l’édification du bâtiment d’origine.
Le dôme et ses mensurations hors norme : 5 mètres de diamètre ; 3,80 m avec la partie sommitale (3, 15 m sous la partie sommitale) ; 3,5 tonnes !La structure du dôme, à l'intérieur, est en douglas. Le voligeage (les planches, supports de la couverture) est en peuplier. Les écailles, posées sur la structure, sont en zinc.Sur la couverture, les fixations sont aujourd'hui de bien meilleure qualité qu'il y a 150 ans ! "Elles sont inoxydables, aujourd'hui. On sait que ce sont souvent ces fixations, abîmées, rouillées, qui deviennent les points de rupture et entraînent des dégâts", relève Stéphane Raffault.
Une intention à l’identique"Il y a plusieurs mois, on a prélevé des échantillons de chaque modèle d’écailles de zinc qui recouvraient le dôme initial : huit tailles soit huit modèles en fonction de leur place sur l’ouvrage. On a envoyé celles-ci à un ornemaniste, à Angers. Un sculpteur a pris des empreintes de tous les modèles, pour créer un moule pour chaque taille d’écailles. L’ornemaniste a ensuite pu estamper et créer ces facettes de zinc", explique Maxime Sermadiras, responsable des travaux aux ateliers Nailler.
3.000 écailles de zinc repositionnées plus tard, le dôme nouvelle génération a trouvé son toit d’attache pour le prochain siècle à venir. Au moins !
Une satisfaction pour Joffrey Chalaphy, directeur des Grands Thermes et une envie d’être, déjà, en septembre 2025, au point final de ce chantier d’envergure, non seulement pour l’établissement, mais aussi pour la ville et tout le territoire.
"C’est un projet historique pourLa Bourboule : c’est la première fois depuis 80 ans qu’il y a des travaux d’envergure sur les thermes. En ayant renforcé toute la structure du bâtiment, on s’assure de sa pérennité. Cela nous permet de se projeter à l’avenir pour redévelopper l’activité thermale ici. La fin des travaux parachèvera cette perspective et devrait nous permettre de repartir sur une dynamique d’attractivité pour La Bourboule."
2025, année anniversaire(s)Le directeur des Grands thermes est enthousiaste : "historiquement c'est important. J'ai une grande fierté d'avoir, sous l'autorité du maire, puisque c'est lui qui a pris la décision de cette réhabilitation, abouti à cela. 2025 sera une année très importante pour les Grands Thermes. Sans le vouloir, la réouverture, après la réception des travaux de réhabilitation, aura lieu à l'anniversaire de la pose de la première pierre de l'établissement, en 1875, soit 150 ans. Les 150 ans de l'établissement, les 150 ans de la commune [à l'époque, La Bourboule était un hameau de Murat-le-Quaire, NDLR]. C'est le hasard, mais ça tombe bien. On assure la pérennité de l'activité thermale à La Bourboule et c'est déjà énorme : les gens ne se rendent pas forcément compte mais c'est fort de se dire qu'on essaie de tout mettre en œuvre pour cela".
Malgré les travaux, la saison a redémarré avec dynamisme aux Grands Thermes de La Bourboule
Un instant partagé en communion par la populationUne ambition aussi affichée par François Constantin, maire de la commune. Celle-ci, propriétaire du site, a initié ce programme de rénovations afin d’installer durablement La Bourboule dans la médecine thermale.
"Il est réjouissant de refaire la ville telle qu’elle était à l’origine, grâce à des professionnels de haut niveau, selon les mêmes méthodes artisanales qu’il y a 150 ans. Cela a été des années de travail, pour nous, pour arriver à enclencher ce chantier."
Là, il y a une dimension symbolique, touchante, d’avoir vu autant de monde assister à la pose de ce nouveau dôme.
Il fait allusion aux dizaines de personnes, bordant les barrières d’accès au chantier, captivées par le ballet aérien de la grue déposant méticuleusement la nouvelle couronne à sa place.
Plus qu’au spectacle, mais avec la sensation de voir s’écrire (ou se bâtir !), devant eux, une page de l’histoire locale. "Ce sont des événements rares, dans le monde de la construction. Tous étaient rassemblés là, pour y assister. Et c’était très émouvant !"
(*) Le chantier s’élève à 13 M €, cofinancé à plus de 70 % (soit 9,6 M €) par l’État, la Région, le Département, la communauté de communes du Massif du Sancy. La commune de La Bourboule supporte le reste, soit plus de 3 M €.
Info plus : Pour l'heure extrêmement rutilant, le zinc du nouveau dôme va se patiner, très rapidement : quelques mois suffiront à atténuer la différence entre celui-ci, fraîchement sorti des ateliers Nailler, et les quatre autres qui l'entourent.
Texte : Marie-Edwige Hebrard
Photos : Fred Marquet
Vidéo : Maeva Pourchet