L’objectif de l’action menée mercredi était de mettre en garde les potentiels acheteurs de meubles sur l’existence d’un nouveau commerce, dont les méthodes de vente sont jugées trompeuses et agressives par la Fnaem.En fin de journée, trois membres de la délégation régionale se sont rendus, avec leur camion de livraison, au numéro 43 de l’avenue de la Mairie à Espaly-Saint-Marcel, pour alerter les éventuels clients.
Je me suis fait traiter de “gratteuse” parce que j’étais venue sans intention d’achat
Dans un local anciennement occupé par une salle de sport (Amazonia), l’enseigne Le Coin de Lucette s’est ouverte dernièrement, en louant les lieux par l’intermédiaire d’un bail précaire (c’est-à-dire pour une durée maximale de 3 mois).
« Souvent, ces gens-là restent juste quelques jours ou quelques semaines. Ils appellent des potentiels clients, ou leur envoient un courrier, pour leur expliquer qu’ils ont gagné un cadeau. Le but est de les faire venir dans le magasin pour ensuite leur vendre un canapé ou un meuble à prix fort. Il arrive aussi que le commerce en question ferme précipitamment et que les vendeurs partent avec les acomptes versés ».
Selon la Fédération, « des équipes engagées et formées emploient tous les moyens pour vendre, avec une remise pouvant dépasser les 50 % sur un salon ou un meuble. Cette remise, calculée à partir de prix artificiellement gonflés, est purement fictive et vise à vous faire finalement acheter, souvent à un prix supérieur à celui du marché ».C’est peu ou prou le scénario que nous a raconté une cliente rencontrée avenue de la Mairie : « J’ai reçu un courrier et j’ai eu plusieurs coups de fil pour m’inviter à venir. J’étais censée avoir gagné un voyage et un cadeau. Mais je n’avais aucunement l’intention d’acheter un canapé à 10.000 euros. J’ai demandé mon cadeau (un set de couteaux bas de gamme) et je suis partie. Concernant le voyage, on m’a expliqué que je ne savais pas lire, que je n’avais pas compris le courrier. Et je me suis fait traiter de gratteuse parce que j’étais venue sans intention d’achat ».Dans un courriel envoyé à la mairie d’Espaly, Myriam Barriol, représentante départementale de la Confédération nationale de l’équipement du foyer, demande à la municipalité d’Espaly (1) de procéder en urgence à un contrôle de ce point de vente : autorisation d’ouverture, normes de sécurité, etc. « Nous sommes soucieux que ce point de vente ne soit pas tenté d’utiliser des méthodes relevant de la publicité trompeuse […], pratiques régulièrement constatées et réprimées », précise le document.
Insultes et invectivesMercredi soir, la rencontre des commerçants locaux avec les vendeurs « itinérants » ne s’est pas très bien passée. Insultes et invectives (de la part des employés du Coin de Lucette) ont émaillé les discussions. Les services de police ont été sollicités. Dans l’interstice, la plupart des vendeurs ont quitté les lieux (2).Dans le doute, la Fédération française du négoce de l’ameublement et de l’équipement de maison conseille aux acheteurs de comparer les prix et produits : « Renseignez-vous auprès des commerçants implantés dans votre région. Des possibilités de rétractation existent parfois pendant 14 jours. »
Cédric Dedieu
(1) Contactée, elle n’a pas donné suite avant la publication de l’article.(2) Sollicités, ils n’ont pas souhaité s’exprimer dans nos colonnes.