L’heure est à se passer des énergies fossiles. Ça tombe bien parce qu’à Évaux-les-Bains, « on n’a pas de pétrole mais on a de l’eau thermale », sourit Nicolas Simonnet, président de la Com-com Creuse Confluence sur laquelle se trouve la seule piscine chauffée par la géothermie de Creuse.
Depuis 1985, elle tire parti de la chaleur de l'eau thermaleL’initiative ne date pas d’aujourd’hui. Déjà, à sa construction, en 1985, les élus avaient misé sur sa proximité avec la station thermale. Jusqu’en novembre 2023, l’eau et l’air de la piscine étaient chauffés en partie par les calories de l’eau des thermes. Une pompe à chaleur et le gaz prenaient le relais lorsque l’activité de la station s’intensifiait.
« On était dépendant des périodes d’ouverture des thermes parce qu’il nous fallait garder toutes les calories pour des raisons sanitaires et les soins, ce qui fait qu’il n’y en avait plus beaucoup de disponibles pour la piscine », explique Bruno Papineau, maire d’Evaux.@ Bruno Barlier
Mais l’ambition est restée de pouvoir fonctionner à 100 % sur cette mine de calories délivrée par 10 m3 d’eau par jour à 60 °C, 24 heures sur 24, 365 jours par an). La municipalité et la Com-com ont donc profité du Plan particulier pour la Creuse pour réfléchir à des aménagements qui, outre le fait d'utiliser une source d’énergie renouvelable, permettait également de réduire l’impact des thermes en aval, à savoir le rejet d’eau à plus de 25 °C dans le milieu naturel.
Plus aucune déperdition de calories« Les eaux sortent à 60 °C, on est donc obligés de la refroidir pour donner les soins, selon les pathologies, avec des eaux entre 28 et 36 °C. Jusqu’à maintenant, après ces soins, on rejetait l’eau thermale au milieu naturel à plus de 25°s alors qu’on devrait la rejeter plutôt autour de 18-20 degrés », explique Bruno Papineau.
« On s’est dit que ces calories qu’on rejette, on pourrait aussi les récupérer et les valoriser. Donc, on a complètement repensé le système en travaillant sur un Contrat de performance global. »
@ Bruno Barlier
Au cœur du système, une PAC géothermique et une tour adiabatique qui permet de refroidir l’eau thermale. « Toutes les calories qu’il y a entre 60 et 20 degrés, on les utilise pour chauffer nos abonnés (eau et air) », explique le maire. Qui sont au nombre de cinq : le Grand hôtel, les Thermes, l’espace bien-être et spa, la piscine et une résidence. Le réseau de chaleur géothermique desservira aussi bientôt les logements Creusalis non loin puis l’hôpital dans un second temps.
Et comme « pour récupérer les calories chaudes, on produit des calories froides, on pourra injecter ces dernières pour climatiser l’hôtel, le restaurant, le spa, les thermes grâce à un système d’échangeur avec fluides caloporteurs », ajoute l’élu.
Un investissement de 2 millions d’euros (dont 400.000 € à charge de la commune) qui a bénéficié d’aides de l’État et de subventions que les élus ne regrettent pas.@ Bruno Barlier
« Et on espère faire mieux », souligne Nicolas Simonnet qui annonce que la piscine sera bientôt desservie par l’électricité produite par le parc de panneaux photovoltaïques installés sur la pépinière d’entreprises Tremplin 145, à Gouzon.
« On pourra alimenter les bâtiments de la Com-com dans un périmètre de 20 km, dont la piscine intercommunale. C’est une première en Creuse ! », se réjouit l’élu, qui note aussi une économie de 30.000 €.
Texte : Julie Ho Hoajulie.hohoa@centrefrance.comPhotos : Bruno Barlier