Avec Toulouse, Clermont-Ferrand est la ville qui « marche le mieux », en termes de ventes, dans la collection « Cette année-là… ».
Pour Fabien Conord, directeur des volumes clermontois, c’est évidemment une satisfaction. Surtout au moment de la parution de l’un des ouvrages dont il est également co-auteur avec Aline Fryszman, agrégée d’histoire, enseignante en classe préparatoire au lycée Blaise-Pascal à Clermont : 1919, Alexandre Varenne fonde La Montagne.
Accessible à tous les publicsComme tous les autres, ce livre est court, 44 pages. Il se base sur un travail de recherches précis réalisé par des historiens, spécialistes du sujet évoqué et ayant un lien avec à Clermont-Ferrand. Fabien Conord est professeur d’histoire contemporaine à l’université Clermont Auvergne et il a notamment assuré l’édition scientifique des mémoires d’Alexandre Varenne. Aline Fryszman, quant à elle, a rédigé sa thèse sur le Puy-de-Dôme en sortie de guerre (*).
Pour cet ouvrage-ci, tous les deux avaient pour commande d’être accessibles au grand public. D’où « un propos juste, mais concis, sans notes de bas de page par exemple. Et croyez-moi, pour un historien, c’est frustrant ! » plaisante Fabien Conord. Heureusement, pour rendre attractif ce travail de synthèse, « notre métier est d’enseigner, de transmettre. Nous avons un savoir-faire », sourit Aline Fryszman.
Effectivement, tous les livres de la collection, et celui-ci en particulier, se lisent facilement, comme un roman presque. Ils sont tous construits de manière identique, en trois parties : l’évènement, la contextualisation dans l’année puis l’apport aujourd’hui. On apprend ainsi beaucoup sur la ville, son histoire.
« C’est aussi pour cela que la collection fonctionne bien ici, argumente Fabien Conord. Il n’y a pas d’ouvrage d’histoire sur Clermont. Et là, plutôt qu’un gros pavé, cette collection nous permet de combler un vide en ciblant des périodes précises qui vont de l’antiquité au XXe siècle ».
Une valeur ajoutéeL’objectif est aussi d’apporter une valeur ajoutée. « Nous n’utilisons pas simplement nos recherches précédentes. Ce qui nous permet, à nous aussi, d’aller étudier un aspect moins connu de l’histoire ».
Par exemple sur cet ouvrage sur « 1919, Alexandre Varenne fonde La Montagne ? Fabien Conord prend un instant de réflexion : « Sans doute, pour moi, le fait que le journal La Montagne soit souvent vu comme l’enfant d’Alexandre Varenne, alors qu’au tout début, c’est surtout un journal par défaut. C’est ensuite qu’il l’a porté. Que La Montagne est devenue une référence. Jusqu’à être le seul quotidien régional ayant pu conserver son nom après la Seconde Guerre mondiale ».
Les auteurs devant les portraits de Marguerite et Alexandre Varenne à La Montagne à Clermont-Ferrand.Alexandre Varenne était un journaliste. Il a travaillé sous la direction de Jean Jaurès à L’Humanité. C’était aussi un homme politique. « En 1919, il se trouve qu’il est disponible à Paris. Il est appelé pour son professionnalisme comme pour ses convictions politiques pour développer un journal auvergnat au service des ambitions d’Isidor Thivrier ». Qui deviendra député de l’Allier en 1924.
« Clermont est une ville-champignon »Pour Aline Fryszman, « ce qui m’a marquée, c’est que, en 1919, et à Clermont particulièrement, on sent très bien cette sortie de guerre totalement exaltante, mais en même temps dans un contexte de grandes difficultés. Pas d’eau potable, l’assainissement n’en parlons pas. Il y a la pénurie de logements, de main-d’œuvre… On voit très bien le déclenchement de l’expansion de Michelin et son poids dans le développement de Clermont ».
La première Une de La Montagne et celle du 31 mai 2024.... 105 ans d'écart !
À cette époque, « Clermont est une ville-champignon » renforce Fabien Conord. « Elle était en retard sur l’industrialisation et, là, en quelques années, il a fallu pousser ! ». Le printemps 1919, c’est l’agitation sociale et la naissance des « trois-huit » chez Michelin, qui portent aussi les premiers projets de lotissement de maisons mitoyennes à La Plaine et à Chanteranne. La Montagne, comme aujourd’hui, est à la fois un acteur local ancré dans son territoire et le miroir de cette société qu’il relate tous les jours dans ses colonnes.
(*) « Journal d’un républicain engagé. Notes et souvenirs, Fondation Varenne » 2019). « La victoire triste ? : Espérances, déceptions et commémorations de la victoire dans le département du Puy – de-Dôme en sortie de guerre (1918-1924) ».
Les éditions Midi-Pyrénéennes, basées à proximité de Toulouse, ont intégré, en 2022, Clermont-Ferrand dans la collection « Cette année-là », qui revisite l’histoire des villes à partir de dates marquantes de leur histoire.Huit volumes sont déjà disponibles.Deux autres le seront bientôt : 1944, le bombardement des usines Michelin et un autre sur 1825 pour une tournée théâtrale au XIXe siècle.Deux sont en préparation : la muraille de Chine et la bataille de Gergovie. (Éditions midi-pyrénéennes, 44 pages, 7,50 €)
Cécile Bergougnoux