Face à « des situations familiales dramatiques », les besoins de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) explosent dans le Cantal. Il y a dix ans, 164 enfants, adolescents et jeunes majeurs victimes de violences ou de négligences étaient confiés au Département, collectivité compétente en la matière. Actuellement, ils sont 433 à être pris en charge par l’ASE suite à une mesure de protection ordonnée par un magistrat. « Cela devient compliqué et touche des enfants de plus en plus jeunes… Il y a un mois, nous avons dû répondre à onze placements d’urgence dans la même journée, expliquait Bruno Faure, le président LR du Département, aux élus de la collectivité réunis ce vendredi 20 juin, en séance publique, à Aurillac. Cela touche des enfants de plus en plus jeunes et nous y consacrons 24 millions d’euros cette année contre 14 millions il y a dix ans. »
Dans le même temps, le nombre de familles d’accueil ne suit pas. À l’image de la démographie cantalienne, la pyramide des âges des assistants familiaux n’arrange pas la situation. « L’an dernier, il y a eu huit départs à la retraite et donc des places d’accueil en moins. »
Seize places pour répondre aux situations d'urgence et à l'accueil des 3-6 ansCréés en 2022, le centre départemental de l’enfance et de la famille et sa pouponnière de seize places, gérée par l’ADMR, pour les 0-3 ans ne suffisent plus aujourd’hui et doivent évoluer. Pour répondre aux besoins urgents et non pourvus, il faudrait ouvrir deux nouvelles unités.
La première concernerait l’accueil des 3-18 ans dans le cadre de l’urgence. « Le dispositif départemental de l’urgence, qui s’appuie sur deux Maisons d’enfants à caractère social (MECS) et quatre places dédiées chez certains assistants familiaux, est saturé et ne permet plus de répondre aux décisions judiciaires », détaille Marie-Hélène Chastre, rapporteuse de ce dossier. L’autre porterait sur une prise en charge spécifique des 3-6 ans. « Toujours pour répondre à la pénurie de places chez les assistants familiaux mais également pour prendre en compte l’impossibilité pour les MECS d’accueillir des enfants de moins de 6 ans », précise l’élue.
Ouverture en 2025Les conseillers départementaux ont approuvé, à l’unanimité, la création de seize places. Le Département, qui estime son engagement financier à un million d’euros par an, va lancer une consultation afin de s’appuyer temporairement sur un prestataire pour les ouvrir, en 2025. « C’est une bonne chose, car il y avait un gros trou dans la raquette », commente Stéphane Fréchou, élu d’opposition (groupe Union des gauches et des écologistes). « Nous sommes très attentifs à ce dossier auquel il faut apporter une réponse humaine. Notre rôle est de protéger tous ces enfants et de les accompagner », lui a assuré Sylvie Lachaize, vice-présidente en charge de la solidarité.
Emmanuel Tremet