C’est un tourbillon de couleurs, de mouvements et de formes qu’offre la Cité de l’accordéon et des patrimoines pour sa première exposition temporaire d’artiste. Celle du plasticien Bernard Lachaniette, natif de Limoges et Corrézien d’adoption - il vit à Brive -, intitulée « L’accordéon sa muse » (*).
« Moi, je suis du temps du tango ! », glisse l’artiste, facétieux comme toujours, au premier jour de l’exposition, hier. Amateur passionné « de musique en général, de tango en particulier », Astor Piazzolla et Marc Perrone au premier chef.
La musique, qu’il écoute en travaillant dans son atelier, comme autant de marqueurs de son humeur et de son trait. La musique qu’il chante (en petit comité et avec un plaisir non feint) et qu’il danse aussi fort bien, glisse son épouse. « Un danseur nous avait dit que ses positions de danseur de tango sont bonnes », raconte-t-elle dans un sourire.
La musique donc baigne la quarantaine des œuvres de Bernard Lachaniette, mises en lumière selon ses propres plans dans la salle d’exposition temporaire.
Une oeuvre à multiples facettesUne série inédite de grandes toiles de lin peintes autour de l’accordéon (« son inspiration a croisé notre désir », résume Karine Lhomme, la directrice du musée), des toiles plus anciennes montrant des danseurs de tangos, des papiers découpés au foisonnement incroyable, une sculpture en bronze, des assemblages de cartons peints, un livre d’artiste à la couverture ouvragée et comprenant onze estampes originales érotiques (deux sont à découvrir sous un cache pudique) et 76 octosyllabes et poèmes autobiographiques…"L'étrange accordéon" (en fond, "Tango Mimosa")
Tout l’univers de l’artiste plasticien s’y retrouve (et que résume parfaitement une vidéo présentant son travail), la vivacité pleine d’humour de son dessin, les poissons et tout un bestiaire fantastique qui peuple chacune de ses œuvres ; les femmes, LA femme plutôt, en bottine à talon haut, bustier et bas résille, bien en chair, sensuelle et débordante de vie.
Le tout orné de couleurs vives (beaucoup de jaune lumineux et de bleu) sur fond blanc, vibrant d’un élan incessant, porté par un érotisme et une poésie qui porte à la rêverie, dans un jeu entre les formes, les mots et les regards, comme une ronde interminable dans laquelle des danseurs insatiables voudraient nous entraîner.
Entre art brut et art naïf« Son graphisme balance entre l’art brut et l’art naïf, commente Karine Lhomme, mais il reste toujours très pur. Il y a toujours du mouvement, le symbole de la roue revient souvent. On suit une sorte de troupe acrobatique qui nous invite à la fête."Danse avec les papillons", assemblage de cartons peints.
C’est une exposition légère, un antidote à la morosité ambiance. On voulait donner le ton de cette première exposition : celui d’une fête de l’accordéon. Que le musée résonne de cet esprit. L’exposition parle à tout le monde, on peut aussi imaginer s’amuser chez soi avec des papiers découpés. »
Une exposition, apprécie Christiane Magry-Jospin, adjointe à la Culture, qui ajoute une touche de tango qui manque jusqu’alors à la Cité de l’accordéon. « Les Nuits de Nacre ont souvent fait venir des artistes liés au tango. À une semaine du lancement du festival, cette exposition devrait plaire. »
(*) Bernard Lachaniette avait exposé en 2008 au musée du Cloître, à Tulle.
L’exposition « L’accordéon sa muse » est à voir jusqu’au 29 septembre, à la Cité de l’accordéon et des patrimoines, du mercredi au dimanche, de 10 heures à 18 heures. Accès compris dans le billet d’entrée à la Cité (gratuit pour les titulaires d’un abonnement). Catalogue d’exposition, 10 €. L’exposition sera inaugurée le jeudi 27 juin, à 18 heures, en présence de l’artiste.Un atelier jeune public « Art postal », création de cartes postales en s’inspirant des œuvres colorées et poétiques de l’exposition, aura lieu les mercredis 3 et 17 juillet, 7 et 21 août, à 15 heures, à la Cité. Réservation conseillée au 05.55.20.28.28 ou à contact@citedelaccordeon.com.
Blandine Hutin-Mercier
