Par sa forme inattendue et le délai réduit pour s’organiser avant ce premier tour (dimanche 30 juin), la campagne pour ces élections législatives anticipées vient bousculer les habitudes en Haute-Loire comme ailleurs. D’autant que cette fois, les enjeux nationaux semblent prendre le pas sur les thématiques locales. Ambiance.
Lundi matin, aux aurores, les Ponots comme d’autres habitants de communes de la première circonscription de Haute-Loire ont découvert les premières affiches de ces législatives : celles de Laurent Wauquiez (LR) et sa suppléante Caroline Di Vincenzo.Collées dans la nuit, elles ont lancé de manière visible le top départ d’une campagne inédite par sa forme et son contexte pour ces élections anticipées (30 juin et 7 juillet). Rodé à l’exercice, le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes, candidat déclaré quelques jours plus tôt en lieu et place d’Isabelle Valentin, sait que le temps est compté pour convaincre.
Première circonscriptionDepuis le début de semaine, l’ancien député sillonne la “circo” entre réunions publiques et rencontres. « C’est une vraie campagne, à l’ancienne, sur le terrain à la rencontre des gens », glisse-t-on dans l’entourage du candidat de droite. Et les attentes et interrogations des électeurs sont nombreuses autour de sa démarche…« Beaucoup l’interpellent sur l’après pour la Région, s’il est élu député ». La question de son positionnement à venir sur l’échiquier politique en pleine tempête au sein de la famille des Républicains revient aussi avec insistance, preuve que le national prend cette fois le pas sur le local. S’il capitalise sur son expérience d’ancien député, maire, ministre et président de Région, Laurent Wauquiez sait aussi qu’il est attendu et qu’il sera observé avec un score passé au crible au plan national. L’espoir d’un succès dès le premier tour, comme en 2007, semble mission quasi-impossible, même pour ses plus fidèles soutiens. D’autant que pour cette élection, la question du score du candidat du Rassemblement national constitue la grande incertitude.Lors des Européennes du 10 juin dernier, le parti porté par Jordan Bardella est arrivé en tête dans la quasi-totalité des communes avec 37,77 % des voix dans le département. Si d’ordinaire, le vote des législatives en Haute-Loire varie peu malgré les remous de la politique nationale, trois semaines après le plébiscite du RN, la situation semble bien différente… Alexandre Heuzey, candidat parachuté sur la 1re circonscription, portera les espoirs du Rassemblement national. Totalement inconnu en Haute-Loire et sans attaches locales, cet administrateur au Parlement européen, qui vit entre Bruxelles et Nice, joue la carte du national « et du changement possible » pour porter son parti au pouvoir… « Je viens régulièrement en Haute-Loire pour les vacances depuis une dizaine d’années. Je suis conscient que ma candidature peut surprendre mais je représente la caution “techno” du parti, à qui on reproche souvent un manque de compétences. » Et de poursuivre : « On voit que notre parti a été plébiscité lors des derniers scrutins en Haute-Loire mais on se présente en tant que challengers de Laurent Wauquiez. Je pense que compte tenu du contexte actuel, on peut aller vers une triangulaire pour le second tour ».« Il ne pourra même pas voter pour lui-même car il n’est pas inscrit sur les listes électorales en Haute-Loire, ironise un candidat de gauche. Ça en dit long sur son intérêt pour les préoccupations des habitants du territoire. »
Cette fois, le national semble prendre le pas sur le localÀ gauche justement, on retrouve un visage que les électeurs connaissent bien. Celline Gacon conduira le Nouveau Front populaire avec Jacky Rocher en suppléant. L’élue écologiste du Puy avait atteint le second tour des législatives en 2022 sous les couleurs de la Nupes. Le pouvoir d’achat et un retour sur la réforme des retraites constituent quelques-uns des axes majeurs d’une campagne là encore de terrain, avec du porte-à-porte, à la rencontre des électeurs et pour l’instant sans grandes réunions publiques, « qui n’ont pas vraiment de sens dans un timing si serré, si ce n’est pour convaincre ceux qui sont déjà des convaincus ».Pour la majorité présidentielle, il a fallu attendre jusqu’au dernier moment… Lundi dans la journée, le site d’Ensemble pour la République donnait encore une case vide pour la première “circo”. Pourtant, Cécile Gallien est bien candidate pour la quatrième fois « après avoir longtemps réfléchi », s’affichant en rempart face aux extrêmes et en réaffirmant les valeurs républicaines « sur les terres de Jacques Barrot ». Pour cette campagne, elle a pour suppléant Lélio Duprat, un étudiant en affaires publiques âgé de 22 ans. La maire de Vorey-sur-Arzon tentera de faire mieux qu’en 2022 où elle était arrivée en troisième position avec 14,24 % des voix.
Deuxième circonscriptionSur la deuxième circonscription, Jean-Pierre Vigier (Les Républicains) est candidat à sa propre succession avec Corinne Bringer en suppléante. Confortablement élu (au second tour) en 2022, l’ancien maire de Lavoûte-Chilhac que la rumeur envoie vers l’hôtel de ville du Puy-en-Velay aux prochaines municipales, fait cette fois encore figure de favori. Il retrouvera face à lui une personnalité bien connue de la politique altiligérienne en la personne d’André Chapaveire. Le Brivadois, candidat malheureux en 2012 face à ce même Jean-Pierre Vigier, mènera le Nouveau Front populaire à la faveur des circonscriptions attribuées au plan national au Parti socialiste dont il est le premier secrétaire local. Un choix loin de faire l’unanimité en coulisses dans les rangs des militants de l’union de la gauche : beaucoup auraient souhaité un autre visage incarnant une forme de renouveau… « Sur cette circonscription traditionnellement plus favorable à la gauche, il y avait quelque chose à faire… C’est vraiment dommage. »Dans la continuité de la campagne des Européennes, André Chapaveire tente de convaincre les électeurs sur les marchés ou par du porte-à-porte. « On voit bien qu’ils nous interpellent surtout sur la politique nationale mais aussi sur la nécessité de faire barrage au Rassemblement national. » Sur cette circonscription, le RN sera cette fois représenté par Suzanne Fourets. Candidate sur la première en 2022 et en lice aux Départementales sur le canton d’Aurec, cette retraitée de la fonction publique bascule à l’ouest où elle espère aussi surfer sur la dynamique des Européennes.Ensemble pour la République alignera de son côté Patricia Joubert. L’élue de Saint-Germain-Laprade est pour la première fois candidate à une élection législative et tentera de porter les espoirs de la majorité présidentielle sur ce territoire.
Christophe Darne