Le ministre tunisien de la Défense, Imed Memmich, avait annoncé, en mai dernier, la création d’une zone de recherche et de sauvetage (SAR) en mer Méditerranée. Tunis a officialisé le 19 juin cette perspective en notifiant à l'Organisation maritime internationale (OMI) l'établissement de sa zone SAR et de sa délimitation.
«Nous voulons renforcer l'efficacité de l'intervention de l'État tunisien […] dans le but de fournir un service de recherche et de sauvetage maritime au bénéfice de tous les usagers de la mer, tunisiens et non tunisiens, dans la zone de responsabilité tunisienne, notamment les bateaux de pêche et les navires à passagers tunisiens», a précisé la Défense dans un communiqué.
Les conventions maritimes internationales de l’OMI, qui dictent les règles de conduite en mer, divisent les eaux internationales en plusieurs zones, chacune sous la responsabilité d’un État côtier. Au sein de sa propre zone SAR, chaque État est redevable d’assurer la prise en charge et la coordination des secours, entre autres, le sauvetage de toute personne en détresse en mer. À titre d’exemple, la Méditerranée centrale comprend une zone SAR maltaise, italienne et libyenne.
Lors de sa participation à un exercice maritime baptisé «Safe Sea 24» mené par la Marine nationale tunisienne, du 27 au 29 mai, le ministre tunisien de la Défense a souligné que la zone ferait «partie intégrante de la souveraineté nationale». Il a également défini les trois piliers du système SAR tunisien : une autorité nationale (Service garde-côtes), un plan national SAR ainsi que des mécanismes de coordination restant à finaliser.
Après la déclaration du dirigeant tunisien, le ministre italien de l’Intérieur Matteo Piantedosi a réagi sur son compte officiel X (ex-Twitter) : «Je salue l’annonce de l’intention de créer une zone SAR tunisienne.» Et de souligner que cette SAR zone tunisienne représentait «une avancée significative pour sauver des vies et contrôler les flux migratoires irréguliers.»
Alors que Tunis vient tout juste d’officialiser cette initiative, Rome a décidé de suspendre, ce 20 juin, la livraison de patrouilleurs à la Tunisie. En effet, la plus haute magistrature administrative italienne, le Conseil d'État, a suspendu la livraison des patrouilleurs à la Garde nationale tunisienne – six patrouilleurs, dont trois devaient être transférés à la Tunisie fin juin, a rapporté l’agence italienne Ansa.
Le Palazzo Spada a ainsi approuvé la demande des Organisations non gouvernementales Asgi, Arci, ActionAid, Mediterranea Saving Humans, Spazi Circolari et Le Carbet de suspendre le transfert de ces navires qui, selon leurs avocats, pourraient accroître le risque «d’expulsion illégale» des migrants irréguliers de la Tunisie.
«Comme soutenu également par l’ONU, fournir des bateaux de patrouille aux autorités tunisiennes signifie accroître le risque que les migrants soient soumis à des expulsions illégales», ont affirmé Maria Teresa Brocchetto, Luce Bonzano et Cristina Laura Cecchini, du cabinet d'avocats chargé de l'affaire, lit-on de même source.
Le tribunal administratif italien avait, en mai dernier, refusé le recours fait par ces associations, qui ont contesté le transfert de six patrouilleurs aux autorités maritimes tunisiennes en vertu de l’accord signé le 16 juin 2023 entre l’UE et la Tunisie. En décembre 2023, le ministère italien de l’Intérieur avait alloué 4,8 millions d’euros à la remise en état et au transfert de six patrouilleurs à la Garde nationale.