Cela aurait dû être le fleuron de l’industrie limougeaude mais, malgré de lourds investissements, l’aventure d’Isorg s’achèvera le 12 juillet. Le licenciement économique est lancé pour la vingtaine de salariés de son usine de production de Limoges.
Créée en 2010 à Grenoble et pionnier de l’électronique organique, Isorg a fait le choix en 2014 d’implanter son unité de fabrication sur le parc d’Ester technopole à Limoges.
Une annonce reçue à l’époque avec enthousiasme par les acteurs politiques et économiques du territoire, y voyant le futur fleuron de l’industrie limougeaude. D’autant qu’une cinquantaine d’emplois sont promis d'ici au printemps 2016.
Constat d’échecIl n’y en aura finalement jamais autant et la vingtaine de salariés actuels fait l’objet d’une procédure de licenciement économique et un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a été mis en place. Conséquence du placement en liquidation judiciaire d’Isorg. Chez nos confrères de France 3, ce mardi, Cédric Laming, nouveau directeur d’Isorg nommé en décembre dernier, invoque les conséquences du Covid et l’échec technique d’un capteur*, celui, si prometteur, qui a obtenu la certification du FBI en mars 2021.
« Il y a eu, à la fin de l’année dernière, un double constat : un constat d’échec technique sur ce produit, qui est lié à des ruptures technologiques sur le marché des écrans de téléphones portables. Ça, c’est la première chose. Et puis, il y a aussi, en parallèle, la prise de conscience qu’une entreprise de la taille d’Isorg avait du mal à suivre le rythme et les exigences de clients de cette ampleur », confesse-t-il.
En « off »Pour le licenciement économique et l’absence de repreneur, il s’agit d’une information donnée « en off » par un salarié ce jeudi. Et du « off », il y en a eu dans cette histoire… Nommé dans la catégorie « Innovation » des Trophées des entreprises de la Haute-Vienne 2023 le 7 décembre dernier et pressenti pour être lauréat, Isorg annonce son retrait quasiment la veille…
En mai dernier, à l’occasion d’une conférence de presse, un lanceur d’alerte anonyme souffle : « vous devriez vous intéresser à Isorg… ». Et de s’interroger sur le retour sur investissement.
Plusieurs levées de fondsOr, les investissements se chiffrent en millions d’euros. En 2021, à l’occasion d’une nouvelle levée de fonds de 16 millions d’euros émanant de Sumitomo chemicalco ltd et Mitsubishi corporation, on rappelait dans nos colonnes que les actionnaires historiques Bpifrance, à travers ses grands fonds de capital-risque, New science venture, CEA investment et le Groupe Sofimac (Limousin participations), avaient permis à Isorg de lever 47,8 millions d’euros. Et aujourd’hui, le premier actionnaire de la société reste la SA Bpi participations qui détient 24.62 % du capital de l’entreprise.
La région Nouvelle-Aquitaine a, elle aussi, mis la main à la poche depuis 2015. 4.620.866,84 € ont été versés. Ces sommes concernent pour 2.280.433,42 € et une rallonge de 2.310.433,42 € la construction du site d’Ester et pour 30.000 € le recrutement d’un cadre. Il faut ajouter une aide au titre du Fonds européen de développement régional (Feder) pour l’aide à la transformation numérique d’un montant de 94.128 € avec à ce jour un solde à verser de 16.708 €.
Que d’efforts financiers vains et quelle déception pour le territoire. Reste maintenant à savoir ce que va devenir le site quasi flambant neuf de Limoges.
(*) Un module à photodiode organique pour scanners d’empreintes digitales.
Maryline Rogerie