La toute première édition de Sport Définition s'est tenue le 5 juin à l'Adidas Arena (Paris 18e). Ce grand rassemblement dont le but était de réunir l'ensemble de l'écosystème du sport business afin de redéfinir l'économie du sport, a donné lieu à différentes tables rondes, débats et sessions de travail notamment. L'occasion pour Big média de réunir sur son plateau Simon Mutschler, co-fondateur de Rebond, Manon Renaudo, fondatrice de Second Relais et Thomas Baroukh, adjoint à la chef de projet JO et Paralympiques Paris 2024 chez Enedis. Autour de Sandy Heribert, journaliste à L'Équipe, nos trois invités ont partagé leur vision et leurs actions pour un sport plus durable et responsable.
Second Relais mise sur un sport plus responsable et durable
" Je me suis fixé pour objectif de réaliser un triathlon en 2020 mais je me suis vite rendu compte qu'il était compliqué de s'équiper sans acheter des produits de première main ", explique d'entrée Manon Renaudo, fondatrice de Second Relais, spécialiste des vêtements de sport de seconde main. Elle réussit finalement à trouver l'équipement dont elle a besoin à l'issue d'un travail de longue haleine d'un de ses amis, faisant germer en elle l'idée de sa startup : proposer aux sportifs une alternative durable et responsable pour leurs équipements. Lancée en 2023, Second Relais est une marketplace sur laquelle chacun peut vendre ou acheter des produits sportifs, avec l'idée que " rien ne se jette, tout se relaie. " Manon Renaudo se déplace aussi sur des événements dans le but de sensibiliser les sportifs à l'écoresponsabilité, mais également récupérer des équipements pour les reverser par la suite à des associations. " Je suis également en contact avec des clubs sportifs ", ajoute-t-elle. " Je leur propose une plateforme spécifique, réservée aux licenciés, et nous essayons de promouvoir le circuit-court au maximum, ce qui permet de créer également du lien social. " La jeune entrepreneure est en discussion avec huit clubs actuellement, plus quelques fédérations. " L'idée est d'engager l'ensemble de l'écosystème sportif en leur offrant des outils adaptés pour les équipements et les vêtements de seconde main. Ce n'est plus optionnel en 2024 ", conclut-elle.
Rebond, la startup qui recycle les ballonsRecycler et donner une deuxième vie aux produits, c'est le crédo de Simon Mutschler, co-fondateur de Rebond, entreprise créatrice de ballons techniques socio-éco conçus. " J'ai créé Rebond pour challenger les ballons de sport, aussi bien dans les matériaux utilisés que dans le process de fabrication ", précise l'entrepreneur. " Nous sommes partis d'un constat assez simple qui est de dire que le ballon possède deux problématiques importantes. C'est un produit issu des énergies fossiles majoritairement et il est également multi-matériaux, c'est-à-dire que lorsqu'on le fabrique, on vient assembler trois couches de matières différentes, avec, de ce fait, un problème de recyclabilité. " En fin de vie, un ballon classique se retrouve inexorablement à la poubelle, à l'opposé des valeurs environnementales et écologiques prônées par le co-fondateur de Rebond. " Le ballon est aujourd'hui l'un des produits les plus populaires au monde ", ajoute-t-il. " Si on est capable de faire pivoter une économie existante en la basant sur un socle environnemental et écologique fort, non seulement c'est bien pour la planète mais cela peut également être source d'opportunités business. " Environ 15 000 clubs amateurs de football consomment chacun en moyenne entre 80 et 100 ballons par an en France, n'en gardant que de 10 à 20 % à l'issue d'une saison. C'est dire le levier de changement actionnable par la jeune pousse qui espère notamment lancer une offre de leasing d'ici deux ans. " Le côté sensibilisation est également important chez Rebond puisque tout le monde ne connait pas le mode de fabrication d'un ballon ", ajoute Simon Mutschler. " C'est un produit concret à connotation positive, synonyme de jeu et de plaisir. C'est un fort vecteur de sensibilisation aux problématiques écologiques dès le plus jeune âge. Le greenwashing ne peut exister que si les gens n'ont pas la connaissance et tout ceci est en train de changer. "
Enedis pour des Jeux plus vertsÀ quelques semaines de l'ouverture de Jeux de Paris, Thomas Baroukh, adjoint à la chef de projet JO et Paralympiques Paris 2024 chez Enedis, s'est quant à lui exprimé sur la question écologique associée à l'organisation d'événements sportifs. " Le poste de transport pèse énormément dans le bilan carbone des équipes, quel que soit le sport ", affirme-t-il d'emblée. L'une des pistes serait de centraliser les événements plutôt que de les multiplier. " Pour ce qui est de l'aviron par exemple (Thomas Baroukh est un rameur médaillé de bronze aux Jeux de Rio et trois fois champion de France notamment, NDLR), on pourrait allonger la durée du championnat et éviter ainsi des déplacements superflus, que ce soit pour les équipes ou le matériel. " Sans parler du tri des déchets qui, pour des événements d'envergures, est colossal, sans parler de la nourriture proposée, trop peu souvent locale... Et puis il y a l'aspect énergétique que Thomas Baroukh connait parfaitement en tant qu'ingénieur chez Enedis. " Notre contribution aux JO est de réussir à raccorder au réseau électrique de distribution l'ensemble de l'événement olympique. Contrairement à ce que le gens imaginent, les grands événements sont alimentés par des groupes électrogènes fonctionnant au diesel. Nous avons la chance d'avoir une électricité bas carbone en France, ça serait vraiment dommage de s'en priver. " Le transport de l'énergie de la centrale de production jusqu'aux sites de Paris 2024 sera donc l'un des éléments clés pour des JO les plus verts possibles. Pour comparaison, 400 000 litres de diesel avaient été nécessaires pour le bon fonctionnement des Jeux de Londres en 2012. Que ce soit au niveau de la RSE des clubs mais aussi de l'implication des sportifs professionnels qui sont un exemple pour les plus jeunes, une prise de conscience et un vrai mouvement s'est enclenché depuis quelques années dans l'industrie du sport. L'ensemble de ces actions doivent induire un changement des mentalités en profondeur et inciter le plus grand nombre à enclencher une transition écologique pérenne.
Cet article a été publié initialement sur Big Média Comment l'industrie du sport poursuit sa transition écologique