Il a fallu se frayer un chemin jusqu’à lui parmi la flopée de micros et de caméras qui l’entouraient, signe de l’énorme l’engouement qu’il suscite désormais. Mais rien qu’à voir sa mine réjouie et ses yeux pétillants, pas de doute, Léon Marchand était satisfait de lui, au bout d’une journée chargée, dont il attendait beaucoup. Une journée riche d’enseignements puisqu’il a réussi à dompter ce fameux enchaînement 200 m papillon - 200 m brasse, en un peu moins d’une heure.
« C’est un duo de courses assez bizarre, que pas grand monde ne fait, mais j’aime bien ce qui est bizarre », souriait le quintuple champion du monde, ressorti des eaux de L’Odyssée avec deux billets supplémentaires pour les Jeux Olympiques de Paris, alors qu’il s’était déjà qualifié sur le 400 m 4 nages, lundi.
J’étais un peu anesthésié, endormi. J’ai eu du mal à me remettre dedans. Je n’ai pas assez mangé, j’aurais dû prendre une petite barre, j’ai eu un “shutdown” à la chambre d’appel…
Comme il le pressentait, le papillon ne lui a pas réellement posé de problème. En 1’54’’08, il a nettement dominé sa finale, et a tranquillement effacé les minima, fixés à 1’55’’78. « C’est un de mes meilleurs temps en saison, c’est vraiment cool. » En revanche, la brasse, en toute fin de programme, n’a pas été un long fleuve tranquille. Alors que son staff avait pourtant minutieusement préparé cette journée, le prodige s’est retrouvé à plat dans la chambre d’appel. Il raconte : « J’étais un peu anesthésié, endormi. J’ai eu du mal à me remettre dedans. Je n’ai pas assez mangé, j’aurais dû prendre une petite barre, j’ai eu un “shutdown” à la chambre d’appel… »
Longtemps dans un rythme moyen pour lui, Léon Marchand a finalement dû s’employer dans la dernière longueur pour aller chercher sa qualification, avec 2’08’’95 pour des minima à 2’09’’68. « Il y avait de la fatigue musculaire et mentale, un peu de tout. Le dernier 50 a été dur, je savais qu’on n’était pas dans les temps. Il fallait envoyer, je n’avais plus de jambes, plus de bras. » Mais il s’est arraché, au plus grand plaisir du public, qui a explosé sitôt le mur touché. « C’était deux grosses courses à haute intensité, pour aujourd’hui c’était parfait. Mais il faudra nager bien plus vite aux Jeux ! »
L’Odyssée aura également vibré, ce mercredi, pour les filles du 200 m dos, avec Emma Terebo et Pauline Mahieu, toutes les deux descendues sous les minima olympiques. Idem sur le 800 m masculin, avec les tickets validés par le jeune Pacome Bricout, 19 ans, et le plus expérimenté David Aubry, au bout d’une grosse bataille qui aura laissé Damien Joly sur le carreau, malgré le chrono demandé. Dur…
Romain Léger
