Dialogues élégants, parfois au bord de l’alexandrin, qui par contraste rendent d’autant plus hilarantes les scènes de ménage, notamment dans la cuisine où s’électrisent toutes les tensions : le drame d’une compote qui crame, la tragédie d’une casserole qui attache, le problème épineux du recyclage.
Le génie du film est, à l’instar de son premier volet, de nous donner l’impression de se dérouler dans notre tête, et de nous inciter à prendre conscience de nos opérations mentales à l’aide de son propre système allégorique.
C’est parce que The Bikeriders ne veut pas lancer ses motos à pleine balle. Il est moins un film de route que de bars, de parkings et de pique-niques où l’on stagne, enivré·e et à moitié amorphe, où chaque réplique s’accroche désespérément au fin fond de la gorge.
Mais au-delà de ce jeu méta désinvolte, la fiction apparaît aussi comme un processus essentiel à la construction de soi, où se raconter permet d’éclairer son vécu pour en tirer des enseignements. En creux, Zacharias Mavroeidis propose alors un bel éloge de l’amitié.
Il s’agit aussi de se questionner sur cette fameuse image d’“actrice déchue” dont Maria se nourrit, et qui colle à la peau de son héroïne. Un concept creux, qui tend à ignorer les cinquante-huit films dans lesquels elle a joué comme, entre autres, Profession : reporter d’Antonioni, dont elle était très fière et que Jessica Palud passe quasiment sous silence.
Envisagée simultanément comme une icône et un être humain tout à la fois génial et faible, la figure du musicien n’est jamais figée par le regard de Bruce Weber, pourtant complètement fasciné par son objet.
De lourdes influences godardiennes, réinjectées ici dans une mise en scène plus nerveuse, le film se construit à partir de cadrages impeccables et des aplats de couleurs pétantes, un monde furieusement libre mais rattrapé toujours par la mort, comme dans Pierrot le fou.
Lire la critique d’Arnaud Hallet
Réalisés dans les années 1950, ils sont portés par les codes du film noir transposés depuis les ruelles sombres des États-Unis vers les villes brûlantes d’Amérique du Sud. Trahisons, machinations, femmes fatales, détectives privés et angoisses fiévreuses sont autant d’éléments propres au genre qui forment la toile de fond de ces trois récits de la cruauté humaine et de basculements vers le crime.