Une forte délégation allemande a participé, ce dimanche 16 juin, aux cérémonies de commémoration des 12 et 24 juin 1944 à Murat, en mémoire des déportés muratais. Un rendez-vous historique pour ne jamais oublier.
La ville de Murat et ses familles marquées à jamais par la déportation ont, ce dimanche matin, à l’occasion de la 80e cérémonie des journées des 12 et 14 juin 1944, définitivement scellé leur alliance et leur réconciliation avec le peuple allemand. Un rendez-vous marquant pour les deux communautés qui avaient amorcé leur rapprochement, en 2014, par un acte fondateur, « lorsque », comme le rappelait Gilles Chabrier, le maire de Murat, « pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, une délégation officielle allemande commémorait avec nous le 70e anniversaire ».
Ce jour-là, les Muratais avaient rendez-vous avec l’Histoire. « Je me souviens du frisson qui a parcouru la foule lorsque Christian Weber, président du Parlement de Brême, a prononcé, en allemand, son discours devant les familles des hommes déportés 70 ans plus tôt, et leur a demandé pardon, en français, au nom de sa ville, de sa région et de son pays », poursuivait hier Gilles Chabrier, avec une émotion non dissimulée. Et partagée par Katharina Weber-Brabant, sa veuve et marraine du projet d’échange scolaire Murat-Brême, Antje Grotheer, sa successeur au parlement de Brême et Oliver Von Wrochen, directeur du mémorial de Neuengamme et de la fondation des mémoriaux et lieux didactiques à Hambourg en mémoire des victimes des crimes nazis. Preuve une fois encore, comme en attestait Benoît Parret, président de l’association « Mémoire(s) et déportation du Cantal », que
d’une page douloureuse de notre Histoire peut naître l’espoir d’un monde meilleur. C'est aussi pour nous le signe que les déportés de Murat ne sont pas morts en vain. Ils deviennent les balises de notre lutte contre toutes les tyrannies, l'intolérance, les préjugés qui puisent leur énergie destructrice dans l'ignorance.
Car cette cérémonie, à la fois solennelle, digne et poignante, animée par les chorales « Changer d’airs » de Murat, « Multiphonie chœur franco-allemand » d’Aurillac, et des représentants de la chorale allemande de Brême, accompagnés des CM1 et CM2 de l’école Jean-Jacques Trillat, en présence du préfet du Cantal, Laurent Buchaillat, des sénateurs Stéphane Sautarel et Bernard Delcros, du président du Conseil départemental Bruno Faure et d’une foule immense, avait avant tout valeur de mémoire.
Retour sur ces jours terribles de mai et juin 1944 dans le Cantal
« Une mémoire vivante, qu’il est important de garder pour ne jamais oublier » selon Katharina Weber-Brabant.
Les oublier serait les abandonner, les faire mourir une nouvelle fois, les laisser à leur statut de victime. Nous sommes les gardiens de leur mémoire.
, insistait encore Benoît Parret.
A l'issue de la cérémonie, une plaque commémorative a été dévoilée 5, place du Balat, en mémoire d’Alice Ferrières, professeur de mathématiques, qui a habité l’immeuble de 1938 à 1945, et qui fut la première Française reconnue Juste parmi les nations. Un hommage a également été rendu à Marie Sagnier, directrice du collège, et Marthe Cambou, professeur de français. Gilles Chabrier et les classes de 3e du collège Georges-Pompidou, qui ont travaillé sur le sujet dans le cadre du concours national de la Résistance et de la déportation, ont salué « le courage et la générosité de ces trois enseignantes qui ont, malgré les risques encourus, réussi à soustraire 53 enfants juifs au génocide des nazis ».
Isabelle Barnérias
