Quelle bagarre... Il aura donc fallu attendre le 306e tour et près de 23 h 45 de course pour oser écrire le nom de la voiture vainqueur de cette 92e édition des 24 Heures du Mans. Au terme d'un effort harassant, tant pour les hommes (pilotes et techniciens) que pour les machines, Ferrari est finalement parvenue à conserver sa couronne, acquise l'an dernier lors du Centenaire après 50 ans d'absence. L'écurie au célèbre cheval cabré s'est, cette fois, imposée avec sa flèche rouge numéro 50 (en 2023, c'était la 51 qui termine cette fois 3e), pilotée par l'Italien Antonio Fuoco, l'Espagnol Miguel Molina et le Danois Nicklas Nielsen. Un trio qui a dû batailler jusqu'au bout pour stopper la folle remontée de la Toyota numéro 7, pourtant partie en dernière position samedi en raison d'une semaine d'essais et de qualifications pour le moins difficile.
— Eurosport France (@Eurosport_FR) June 16, 2024Si un tel finish a pu avoir lieu, c'est parce que la pluie a joué un rôle majeur tout au long (ou presque) du double tour d'horloge. D'abord, en contraignant les commissaires de course à jouer la carte de la sécurité, comme aux alentours de 3 heures du matin quand un véritable déluge s'est abattu sur le circuit. Le début d'un long ennui sous régime de safety-car qui a alors presque duré cinq heures (au total, près de sept heures de course se sont déroulées derrière la voiture de sécurité). Une manière, aussi, de ménager le suspense au moment d'aborder le dernier tiers de course...
Sept bolides en moins de 30 secondes à 5 heures de l'arrivéeDans ces conditions, les écarts se sont naturellement resserrés. À 11 heures ce dimanche, soit 19 heures après le départ, sept bolides se tenaient encore en une trentaine de secondes. Ferrari, Porsche, Toyota, Cadillac... Tous les favoris étaient représentés à l'avant. La course marathon devenait alors un sprint.
À partir de la 254e boucle, les records au tour se sont enchaînés (finalement fixé à 3'28"756 par le Japonais Kamui Kobayashi sur la Toyota numéro 7). Sur terrain sec, les Toyota numéros 7 et 8 et les Ferrari numéros 50 et 51 (la 83 de Robert Kubica, souvent à l'avant, ayant dû abandonner peu avant midi) affichaient les meilleures performances. Un avantage de courte durée alors que les nuages se présentaient de nouveau au-dessus du circuit de 13,626 km, ramenant avec eux la pluie (bien sûr), mais aussi l'espoir dans les rangs de la Cadillac numéro 2 et de la Porsche numéro 6, à l'affut.
Une tension maximaleLa stratégie (notamment dans le choix des pneus) et la qualité de pilotage allaient devenir plus que jamais déterminantes. La tension était maximale, en témoigne le tête-à-queue de Brendon Hartley (Toyota numéro 8) à Mulsanne après un contact avec la Ferrari numéro 51 d'Alessandro Pier Guidi.
— 24 Hours of Le Mans (@24hoursoflemans) June 16, 2024
À 1 h 30 du but, la pluie tombait à grosses gouttes alors qu'encore six Hypercars bataillaient sous une visibilité réduite, en moins de 45 secondes ! Mais plus la ligne d'arrivée s'approchait, plus la Ferrari numéro 50 et la Toyota numéro 7 se détachaient. Finalement, les Transalpins faisaient la différence grâce à l'excellente gestion de leur engin en abordant le dernier tour avec un réservoir d'énergie plein à tout juste 5 % de ses capacités. Juste ce qu'il fallait pour arracher leur première victoire de la saison en championnat du monde. La plus belle de toutes.
Au Mans, Vincent Balmisse