"J’ai un besoin viscéral de m’exprimer et il faut que ce soit dans l’intensité et l’immédiateté. » Délits d’intense, c’est le thème de l’exposition de l’artiste expressionniste Gilles Barp, à la Maison de Mandrin à Brioude. Le public est invité à découvrir, jusqu’au 5 juillet, environ 80 œuvres, majoritairement des dessins, mais aussi des toiles et des sculptures.
"C’est plutôt l’émotion du moment qui va me faire aller dans telle ou telle direction"
L’intensité, c’est ce qui guide cet homme revenu à la peinture il y a une quinzaine d’années, après avoir construit sa vie professionnelle dans le milieu de l’industrie : " Tout ce que je fais, c’est “jeté." Quand je peins une toile, je ne sais jamais ce que je veux en faire, ni à quel moment elle sera terminée. Je pars un peu dans l’inconnu. C’est plutôt l’émotion du moment qui va me faire aller dans telle ou telle direction ", explique l’artiste.
L'impression d'être dans le pêchéGilles Barp a tenu pendant quelque temps une galerie d’art à Avignon, baptisée Délits des sens. Alors pourquoi cette récurrence de la notion de délit jalonne-t-elle le parcours créatif de l’artiste ?
" C’est le retour que j’ai sur ma peinture. D’être un peu dans la faute et le péché lorsque j’exprime des émotions qui ne sont pas exprimables "
confie le peintre. La notion de vitesse, alliée à une certaine forme de mélancolie, se retrouve dans ses toiles à l’acrylique, dans ses dessins aux fusain et pastel ou encore dans les sculptures en bois flotté : " Je peux faire un dessin en 5 minutes ou en une demi-heure. Il faut que ça aille très vite. Après le fusain, je rajoute juste un trait de pastel pour donner un peu de volume. Sur une toile, c’est forcément un peu plus long mais je ne m’arrête jamais. Si je m’arrête, je ne reviens pas dessus. Si je peins 15 heures, c’est 15 heures d’affilée…"Une sculpture sur bois flotté de Gilles Barp
Un rapport particulier à la mortLa mélancolie poussée jusqu’à l’extrême se retrouve dans les sculptures de l’artiste, comme ce " gisant " en bois de chêne avec une tête en argile. Une touche morbide s’affiche sur cette œuvre, une des pièces les plus remarquées de l’exposition :
" Je suis assez à l’aise avec tout ce qui touche à la mort. On a tous tendance à la fuir, alors qu’il faudrait plutôt l’apprivoiser pour moins en avoir peur "
justifie Gilles Barp. Un rapport à la mort que l’artiste a cultivé à travers différents évènements douloureux qui ont accompagné son existence.Des toiles mixtes à l'acrylique, au fusain et à l'encre
Une affection pour les corbeauxLe côté sombre de son œuvre se retrouve dans de nombreux dessins aux fusain et pastel représentant des corbeaux : " J’adore cet oiseau. C’est un oiseau intelligent et souvent annonciateur de mauvaises choses. Le principe, c’est de trouver le mouvement en un minimum de temps. Pas plus de 4 ou 5 minutes par dessin. Il faut que ça sorte tout de suite. "
Jérémy Virot
Exposition Délits d’intense. Jusqu’au 5 juillet à la Maison de Mandrin. Entrée libre du mardi au vendredi, de 14 à 18 heures. Gilles Barp sera aussi présent tous les week-ends de juin, de 14 à 18 heures. Un live painting le 22 juin Samedi 22 juin, à 17 h 30. Gilles Barp peindra en direct à la Maison de Mandrin. La performance se déroulera dans une ambiance musicale pour accompagner l’artiste tout au long de son acte créatif. Une aventure immersive qu invite le public à accompagner l’artiste dans ses émotions livrées.
