« Du jamais vu ». Telle était bien la formule qui revenait dans tout Vichy, en ce matin du dimanche 5 juin 2022. Un matin à avoir la tête lourde et les yeux éberlués : partout, des voitures aux vitres brisées, des toits façon gruyère avec des tuiles jonchant le sol, et des branchages recouvrant routes et trottoirs. Une ville lourdement affectée par le passage, la veille, d’une grêle aussi fulgurante que dévastatrice. Et pour beaucoup, il était alors évident qu’il faudrait au moins deux ans pour que Vichy retrouve son visage « d’avant ». Alors, qu’en est-il ?
60 sites de la Ville touchésPremier constat : il reste encore, ici et là, des toits bâchés. Ce qui s’explique sans doute par l’importance des délais d’attente pour les réfections de toiture, alors que l’agenda des artisans reste garni (lire par ailleurs). Dans le cas de démarches qui n’auraient même pas été entamées, l’affaire peut en revanche se compliquer : le délai de prescription s’appliquant aux sinistres est généralement de deux ans… sauf exceptions. Mais ces cas de sinistres non réglés semblent très minoritaires et, s’il est difficile d’établir un état des lieux chiffré avec précision, la grande majorité des victimes de la grêle ont pu aujourd’hui tourner la page, alors que près de 30 % des toits de la ville avaient été endommagés après le 4 juin.
Durement touchés, nombre de bâtiments municipaux sonbt restés porte close durant plusieurs mois, voire plus d'un an.Du côté de la municipalité, les comptes témoignent aussi clairement d’un effacement progressif des dégâts : près de 80 % des chantiers de réparation devraient s’achever d’ici septembre. Il y avait pourtant de quoi faire. Au total, plus de 60 bâtiments gérés par la Ville avaient été touchés, parmi lesquels la mairie, le centre technique municipal, le centre horticole, le Palais du Lac, l’Opéra, sans compter les gymnases et écoles… Les dégâts ont été estimés à 10 millions d’euros pour la municipalité, la facture globale de Vichy Communauté, aussi gestionnaire de sites dans la cité thermale, s’élevant à 9 millions.
Le gymnase des Ailes toujours en attenteMais, de cet état des lieux témoignant de la violence du phénomène, seul un bâtiment reste inutilisable : le gymnase des Ailes. Là, les infiltrations d’eau ont généré d’importants dégâts et près d’un million d’euros de travaux sont prévus pour rendre le site à nouveau fonctionnel en 2025. Également touchés par la grêle, les gymnases Fleurs de France et Belin, qui avaient dû être fermés pour raisons de sécurité, sont eux quasiment opérationnels, avec seulement des phases d’aménagement intérieur à terminer. Des traces de grêle qui ont aussi été effacées du côté du boulodrome couvert, dont la réouverture n’est plus lointaine, et des tennis couverts, à nouveau utilisables.
Le boulodrome couvert a dû faire l'objet d'un vaste chantier de réhabilitation de près de 600.000 €.
Le plus gros des chantiers est passé, d'après les services municipauxAu total, rien que pour ces deux équipements, près d’un million d’euros de travaux auront été nécessaires, contre environ 700.000 € du côté du Palais des Sports, qui avait aussi été affecté. Quant à l’Opéra, qui a aussi dû payer un lourd tribut, il a bénéficié de mesures de sauvegarde conservatoires et a pu être mis hors d’eau. Mais des opérations restent à prévoir sur les verrières et le toit.
Deux ans après le choc, il reste donc encore à faire. Mais la mairie l’assure, elle qui a finalement touché une indemnité d’assurance de 8 millions d’euros : le plus gros des chantiers est passé. De quoi effacer, au moins matériellement, les traces de ces intempéries dont les pompiers eux-mêmes avaient convenu qu’elles n’avaient pas eu d’équivalent depuis la tempête de décembre 1999.
L'Opéra de Vichy avaitr subi des dégâts importants. Des opérations doivent encore y être menés, même si l'établissement est hors d'eau.
"TOUS MOBILISES"Si l’épisode a été rude, la mairie de Vichy veut, deux ans après, tirer du positif de cette « page grêle ». D’abord, chaque opération de réhabilitation sur les bâtiments publics s’est accompagnée de chantiers de rénovation thermique.« C’était un choix évident et de long terme », note Frédéric Aguilera, maire d’une ville qui aura mis, de sa poche, jusqu’à 4 millions d’euros pour financer cette mutation énergétique notamment.Toujours sur cet après-grêle, le maire veut aussi « saluer la forte mobilisation de toutes les équipes techniques », ainsi que la « solidarité » dont on fait preuve clubs et associations lésés par la fermeture forcée des gymnases…
Texte Pierre Geraudie
Photos François-Xavier Gutton