Mardi après-midi, la troisième étape du Critérium du Dauphiné, entre Celles-sur-Durolle et Les Estables (181,7 km), a vu triompher Derek Gee. Le puncheur canadien a battu sur le fil Romain Grégoire pour s’offrir l’étape et le maillot jaune, au pied du Mézenc.
À deux exceptions près (en 1996 et 1997), le Critérium du Dauphiné n’avait jamais fait étape en Haute-Loire avant 2017. Depuis, l’épreuve cycliste créée en 1947 revient presque tous les ans.
« On essaie de venir dans des régions cyclistes, où le public est toujours au rendez-vous. Puis sur ces routes, nous sommes certains d’avoir de beaux vainqueurs », justifiait Bernard Thévenet, l’année passée, après la victoire de Julian Alaphilippe à La Chaise-Dieu. L’arrivée de la troisième étape aux Estables, ce mardi, a encore donné raison au directeur de la course, double vainqueur du Tour de France.
Le plus haut village du Massif Central accueillait la foule des grands jours. Cette commune de moins 300 âmes voyait sa population considérablement augmenter, le temps d’un après-midi, pour assister à une bataille féroce entre Romain Grégoire et le vainqueur Derek Gee, les deux plus costauds du peloton.
Le jeu du chat et de la sourisOn pouvait pourtant s’attendre à une journée rêvée pour les baroudeurs, au lendemain d’une étape déjà frustrante pour eux, où Bruno Armirail avait été repris à 150 mètres de la ligne d’arrivée.
C’était sans compter sur la volonté de l’équipe Uno-X Mobility de défendre le maillot jaune de Magnus Cort Nielsen. La formation norvégienne a laissé un bon de sortie à seulement trois coureurs. Prodhomme (Decathlon-AG2R), Rochas (Groupama-FDJ) et Sweeny (EF Education Easypost) arrivaient à se détacher, trente kilomètres après le départ de Celles-sur-Durolle, dans le Puy-de-Dôme.
Le peloton a ensuite vécu un début de course plus tranquille. Tandis qu’à l’avant, les fuyards ne bénéficiaient pas d’une grande marge de manœuvre. En arrivant en Haute-Loire, au moment de grimper la côte de Saint-Victor-sur-Arlanc, leur avance n’était que de trois minutes. L’écart fondait comme neige au soleil, en passant sous la minute, lorsque les attaquants traversaient Yssingeaux. Le trio se décidait alors à ralentir, pour ne pas griller trop d’énergie. Les Uno-X Mobility étaient contraints d’en faire tout autant pour ne pas rentrer trop tôt sur l’échappée.
Ce jeu du chat et de la souris, qui semblait forcément faire les affaires du peloton, n’était pas du goût de tout le monde. Deux coureurs se décidaient alors à relancer la course. Christopher Juul-Jensen et Valentin Madouas contre-attaquaient. Le premier cité parvenait à revenir, tandis que le champion de France piochait et devait rentrer dans le rang.
Le suspense jusqu’à la ligne d’arrivéeLes derniers échappés tentaient de maintenir le suspense en résistant au retour de la meute. Mais comme la veille au col de la Loge, le peloton a fini par revenir dans la montée finale. La victoire ne s’est pas vraiment jouée au sprint malgré tout. Après avoir attaqué à 500 mètres de l’arrivée, Derek Gee (Israel-PremierTech) a été rejoint par Romain Grégoire (Groupama-FDJ), avant de le sauter dans la dernière ligne droite.
Le puncheur canadien faisait coup double puisqu’il s’emparait par la même occasion du maillot jaune. « C’est un sentiment indescriptible. Ce que j’ai accompli aujourd’hui est plus grand que tout ce que j’avais fait auparavant dans ma carrière. C’est dur de réaliser », savourait-il à l’arrivée.
Après les succès de Vuillermoz à Brives en 2022 et Alaphilippe à La Chaise-Dieu en 2023, la Haute-Loire est passée près d’acclamer un nouveau vainqueur d’étape français avec Romain Grégoire. Mais Derek Gee en avait décidé autrement.
Lucas Jacquet