À défaut de passer la soirée seules, des Thiernoises se donnent rendez-vous chaque jeudi soir, au bar de la gare à Thiers, pour jouer au Barby foot. Un concept dont elles sont chacune à l’origine. Les règles sont les mêmes que pour le jeu classique. Seulement, une chose change. Pour participer, les hommes doivent porter une perruque.
"En 2020, un jeudi soir, on jouait au baby foot chez Touffik avec quelques copines et deux hommes sont arrivés avec des perruques. Ils ont voulu jouer avec nous", partage la "coach" du groupe.
On les a acceptés parce qu’en portant cet accessoire, ils faisaient un effort pour s’inclure. L’idée de la perruque est arrivée toute seule. Maintenant, c’est obligatoire pour tous les hommes. Elles sont à disposition dans le bar.
Touffik Madani, gérant du bar, a directement approuvé le concept : "Quand les filles m’ont expliqué leur idée, j’ai trouvé ça excellent. Chaque jeudi soir, les gens viennent se décontracter. Mais seulement jusqu’à 20h30, pour ne pas déranger le voisinage, sourit-il. Tout le monde peut venir jouer au Barby foot : peu importe la profession ou l’âge", conclut-il.
Les règles de la FédérationÀ partir de 18 heures, des cris de joie et des applaudissements retentissent dans le bar. Successivement, les femmes arrivent, parfois accompagnées de leurs enfants. Entre deux gorgées de bières, les joueuses se mettent en place. Dans le baby foot, les deux têtes des gardiens ont été remplacées par des têtes de Barbie. Sous le regard attentif des clients, la balle est lancée. Concentrées, les joueuses tiennent à respecter les règles prescrites.
Au Barby foot, les femmes utilisent les règles officielles de la Fédération française du football de table. À quelques exceptions près. "On a simplifié les règles pour que tout le monde puisse comprendre et participer à son niveau", explique la "coach" des joueuses. "Plusieurs fois, des hommes nous ont contredits sur notre façon de jouer, parce que certains ne connaissent que les règles de bar, qui ne sont pas nécessairement les bonnes", poursuit cette dernière. Pour elle et ses consœurs, l’objectif reste tout de même de prendre plaisir à jouer et de partager un moment ensemble.
Féline Juge, une habituée, s'exerce au Barby-Foot. Pour les hommes, comme pour les femmes, ce rendez-vous est devenu un rituel à ne pas manquer. C’est le cas de Féline Juge, une habituée de la pratique. "Je suis là chaque jeudi, sauf quand je suis ailleurs évidemment." Le Barby foot a d’ailleurs permis de créer des liens forts entre les joueurs.
Un groupe soudéL’esprit d’équipe ne se manifeste pas seulement les jeudis. Pour garder contact, elles ont décidé de créer un groupe sur les réseaux sociaux. "Lorsque l’on remarque qu’une personne n’est pas venue depuis un moment, on peut facilement prendre de ses nouvelles", explique la "coach". Ce lien virtuel leur permet aussi de s’entraider, de se conseiller et de se soutenir dans les moments difficiles. Le Barby foot a tissé des liens forts entre les joueuses.
Il nous permet aussi de passer du temps avec des gens que l’on n’aurait pas forcément côtoyé habituellement. On fait de magnifiques rencontres.
Désormais, plusieurs membres se fréquentent en dehors du bar de la gare. Un couple s’est même formé grâce à cette initiative.
Cette cohésion féminine ne laisse pas indifférent les clients. Certains d’entre eux viennent boire un verre, simplement pour apprécier l’ambiance festive du jeudi. "Mon bar est souvent connu pour le "Touffik Barby foot club", comme elles l’appellent", s’amuse le gérant. Les rires résonnent dans le commerce. "Nous, les femmes, on a quand même réussi à s’approprier un endroit, qui de base, est dédié aux hommes, se félicite la "coach". On intègre toutes les femmes, quelles qu’elles soient ! Chacune est la bienvenue parmi nous", certifie cette dernière. Le slogan de la poupée en plastique, "Tu peux être ce que tu veux", n’aura jamais autant fait sens que chez Touffik le jeudi soir.
Pour le fun, les filles ont même décidé de créer leur propre logo, à l’image de leur pratique : “Le Touffik Barby foot club”. Chacune d’entre elles possède son propre sweat floqué à l’arrière. Un moyen pour ces dernières de s’affirmer et de marquer le coup chaque jeudi.
Les joueuses ont créé leur propre logo avec des sweat-shirts.
Margaux Lamy