François Cerdeno est vice-président de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) d’Auvergne-Rhône-Alpes, en charge du développement économique et territorial.
La problématique de la transmission de l’entreprise artisanale n’est pas spécifique au Puy-de-Dôme, ni même à l’Auvergne-Rhône-Alpes, n’est-ce pas ?
Effectivement, c’est un sujet qui s’impose depuis plusieurs années. Mais la situation n’est pas la même partout. On retrouve une fracture entre zones urbaines ou semi-urbaines et territoires isolés. Là, notamment, dans l’Allier, où les chefs d’entreprise sont très nombreux à arriver à la retraite et il n’y a pas de repreneur. Dans une zone artisanale fréquentée, il sera toujours possible de vendre le terrain et les murs. Pas nécessairement, dans un village éloigné. Pourtant, ce n’est pas cela qui doit décider un repreneur.
Qu’est-ce alors ?
Le chiffre d’affaires et la clientèle. Si l’entreprise est rentable, elle le sera tout autant pour le nouvel artisan.
D’où l’intérêt pour le vendeur de bien évaluer son fonds ?
Tout à fait. Et de se faire accompagner par des conseillers comme ceux que nous avons à la Chambre de métiers. Ils sont neutres, et c’est leur métier depuis longtemps. Ils connaissent le marché et le territoire. Nous proposons le site Transentreprise.com bien entendu, mais surtout un accompagnement personnalisé.
Les chambres de métiers de chaque département organisent cette offre de services, mais au niveau régional, quelle est votre action ?
Nous portons une action spécifique de formation pour inciter les jeunes à s’installer. Sous l’impulsion du président, Vincent Gaud, nous souhaitons en effet créer un diplôme pour valoriser des connaissances entrepreneuriales en plus de compétences métiers. Cela aura également un effet levier pour obtenir des financements et avoir la confiance des partenaires. La région a aussi un rôle dans l’adaptation de l’offre de formation aux métiers en tension.
Un exemple ?
La transmission d’entreprise est difficile au niveau des métiers de la fabrication et notamment du bois, le centre de formation des apprentis d’Ambert forme aux métiers du bois.
Encore faut-il que les jeunes pensent à la reprise au moment de créer leur activité ?
C’est aussi notre rôle d’informer sur les avantages de la reprise. Notamment sur la sécurité. Il y a une clientèle, un atelier et ses machines, parfois du stock. Contrairement à la création, un artisan peut démarrer très vite son activité.
4.000 entreprisesEn Auvergne-Rhône-Alpes, les quatre départements auvergnats sont très concernés par la problématique de la transmission d’entreprise artisanale. Plus du tiers des chefs d’entreprise (hors micro-entreprises) ont plus de 55 ans. C’est le cas, dans le Puy-de-Dôme, notamment dans les secteurs ruraux. 4.000 entreprises artisanales à reprendre dans le Puy-de-Dôme d’ici à cinq ans.
Les secteursTous les secteurs sont concernés, mais selon une enquête de la Chambre de métiers Auvergne-Rhône-Alpes, l’urgence concerne le secteur de la fabrication, avec plus de 35 % des chefs d’entreprise âgés de plus de 55 ans. Plus de 50 % dans certains territoires de l’Allier. Bois, ameublement, matériaux de construction, travail des métaux, du cuir, du verre, papier, imprimerie, arts graphiques…
Qui sont les cédantsParmi les activités les plus représentées en Auvergne-Rhône-Alpes : 24 % d’entreprises de coiffure et d’esthétique ; 12 % boulangerie, pâtisserie ; 8 % boucherie, charcuterie. Pour cause de retraite : 19 % des coiffeurs, 12 % de peintres, plâtriers (travaux de finition), 9 % boucherie, charcuterie, traiteurs. Auxquels s’ajoutent ceux qui souhaitent changer d’activité (35 % coiffure).
Quand ?38 % des chefs d’entreprise de la région souhaitent céder dans les trois ans.
Quoi ?Près de la moitié souhaite céder le fonds de commerce.
Comment ?Plus de la moitié n’a pas fait estimer la valeur de son entreprise.
Le siteTransentreprise.com est une plateforme dédiée qui répertorie les offres et qui permet d’effectuer des recherches par critères, en fonction de l’activité, de la zone géographique, de l’effectif salarié ou du chiffre d’affaires.
Trois à cinq ansIl faut compter deux à trois ans pour transmettre son entreprise, cinq ans dans l’idéal. Il est plus que pertinent de prévoir la baisse de revenus dès 40 ans.
AccompagnementLa Chambre de métiers du Puy-de-Dôme propose des accompagnements : diagnostic, évaluation…Contact. CMA 63 au 04.73.31.52 00 ou cma-puydedome.fr
Cécile Bergougnoux