C’est peu dire que l’Assemblée générale des actionnaires de TotalEnergies, qui devait statuer ce vendredi 24 mai en faveur du renouvellement de Patrick Pouyanné à la tête du groupe, survenait à un timing compliqué pour celui-ci. Les déclarations du PDG du groupe énergétique sur son éventuel départ du CAC 40 pour New York et la Bourse de Wall Street avaient fait des remous jusqu’au sommet de l’Elysée, Emmanuel Macron rappelant dans son grand entretien à L’Express : "Total n’a jamais eu à se plaindre d’être français".
Ces polémiques n’ont cependant pas empêché les actionnaires du groupe de reconduire largement Patrick Pouyanné comme administrateur de TotalEnergies pour trois ans de plus, avec près de 75,73 % des votes. Un soutien légèrement plus faible qu’il y a trois ans (77 %). Les actionnaires ont également voté à plus de 90 % en faveur des résolutions relatives à la rémunération de Patrick Pouyanné en 2023 et lors de son prochain mandat.
Devant les actionnaires, Patrick Pouyanné a promis ce vendredi de "garder le cap", une façon de se démarquer de ses concurrentes BP et Shell, qui ont annoncé un ralentissement du rythme de leur transition énergétique. "Je vous confirme, nul besoin de le dire, mais si certains en doutent que nous garderons le cap de cette stratégie équilibrée", entre pétrole et gaz d’une part, et énergies bas carbone d’autre part, a déclaré le PDG de 60 ans, dont l’entreprise se targue d’être plus rentable, moins endettée, plus solide, et plus généreuse pour ses actionnaires.
Les actionnaires de TotalEnergies ont également approuvé ce vendredi à 79,72 % le bilan et la stratégie climatique du groupe. Ce résultat est cependant en nette baisse par rapport à l’année passée, où la stratégie avait alors été approuvée par près de 89 % par les actionnaires.
"TotalEnergies démontre chaque jour qu’il est possible encore une fois, d’être une compagnie rentable, même la plus rentable, tout en se transformant" et "en investissant dans les énergies de demain", avait déclaré Patrick Pouyanné à ses actionnaires avant le vote. Tout en rappelant qu’il était "nécessaire" de mettre en production "de nouveaux champs" pétroliers, à rebours des préconisations de l’Agence internationale, dont le scénario de neutralité carbone en 2050 met au ban tout nouveau projet pétrogazier.
Le début de journée avait été marqué par des actions de militants écologistes. Dès 9h, des militants de Greenpeace avaient déployé sur un bâtiment à quelques centaines de mètres du siège du groupe, une gigantesque banderole "Wanted", montrant Patrick Pouyanné, que "la société civile recherche", avant que la police ne la décroche.
Mais la tension s’est surtout concentrée du côté d’une autre assemblée générale, à Paris : celle du gestionnaire d’actifs français Amundi, un des premiers actionnaires de TotalEnergies, où se sont rassemblés plusieurs centaines de militants d’Extinction Rébellion. Parmi les chants scandés, celui de "Amundi complice". Plusieurs dizaines de personnes sont entrées par la force dans les locaux, avant d’en ressortir. Des dégradations ont été commises et des agents de sécurité blessés, a indiqué une source policière.
