Yann, que pensez-vous du lancement de votre saison aux interclubs à Pontoise à 71,78 m ?
Ce n’est pas celui que j’attendais. J’étais en forme, mais il me fallait une compétition de réglages, la première. J’en ai fait peu cet hiver vu que j’avais mal au genou ; je n’avais pas lancé depuis le mois de janvier. Il fallait renouer avec la compétition, chose faite. Maintenant, je peux attaquer pleinement la saison estivale.
Comment avez-vous réussi à « assurer » cet unique jet ?
C’est toute la difficulté du lancer de marteau. Assurer, c’est compliqué : on met un peu moins d’intensité dans le jet pour qu’il sorte de la cage. On est alors sur un faux rythme et souvent, on mord ou on fait des « cages ». J’ai fait au mieux.
À 71,78 m tout de même…
Ça reste un très bon jet, mais ce n’est pas ma valeur. Même si effectivement, c’est bon signe.
Avez-vous identifié le pourquoi de vos trois « cages » ?
J’étais très bien, mais je ne respectais pas les temps du marteau à 100 %, je voulais trop faire. Donc je tirais sur le marteau au 3e tour et il partait dans la cage. C’est le piège. Le but, c’est de laisser faire le marteau et de l’accélérer au bon moment.
C’est-à-dire ?
Le marteau est une continuité de nous et il ne faut pas le contrarier, mais faire corps avec lui, sentir la « boule », c’est ce qui permet de passer des caps et de lancer de plus en plus loin. C’est principalement un sport de sensations.
Sensations et petits détails que, vu votre gabarit, vous poussez jusqu’à examiner, la veille, les lits du village olympique ?
Je ne suis pas difficile pour la literie, mais j’avais rencontré des problèmes sur les lits de l’Insep. Ceux-là sont comme ceux de Tokyo, un lit en carton avec un matelas en filet de pêche. Là, je sais à quoi m’attendre.
"Tous les jours sous la pluie, je n’en peux plus. Un enfer."Quelle a été votre préparation depuis les interclubs (12 mai) ?
La recherche de sensations et de facilité à l’entraînement. Cette semaine, je me suis entraîné un peu moins pour lancer deux jours de suite et que cette forme monte jusqu’aux Europe. Mais le plus gros du travail a été fait. Je ne fais plus de quantité, mais du qualitatif.
Guère aidé par la météo…
Tous les jours sous la pluie, je n’en peux plus. Un enfer. Depuis mon retour de stage (Tenerife) fin avril, je n’ai fait presque aucune séance sans pluie. C’est pénible. On est trempé, il fait plus froid, on est moins relâché, on s’entraîne un peu moins bien, mais je serai prêt s’il pleut le jour de la compète.
Comment se présentent Nancy, ce samedi, et Forbach, ce dimanche ?
Ce sont deux beaux concours qui promettent une bonne émulation avec les meilleurs mondiaux, les Polonais Nowicki et Fadjek, le Canadien Katzberg (84,38 m), et tous les meilleurs Français. L’an dernier, je les avais gagnés tous les deux. Cette année, il y a plus de niveau, mais l’objectif est de m’imposer sur les deux.
Pourquoi les associer ?
L’idée, c’est de faire une répétition qualifs-finale, d’enchaîner deux concours sur deux jours avec de l’intensité, comme sur un championnat, comme aux Europe. Je ne l’ai jamais fait et ce sera un bon test pour voir si j’encaisse bien, quel protocole de “récup” suivre au milieu…
Et la perf de pointe ?
Elle peut être au rendez-vous ce week-end. Ce serait de battre mon record (78,21 m) et d’aller chercher la barre des 80 m, et ensuite de battre le record de mon père (80,99 m). Mais l’objectif principal de la saison, ce sont les Jeux.
Sa saison 2024Dimanche 12 mai. 71,78 m aux interclubs Elite à Pontoise.Samedi 25 mai. Meeting Stanislas de Nancy.Dimanche 26 mai. Meeting international de Forbach.Week-end du 8 et 9 juin. Championnats d’Europe à Rome.Samedi 29 juin. Championnat de France Elite à Angers.Dimanche 7 juillet. Meeting Diamond League de Paris.
Francis Laporte