Un Géorgien de 54 ans était jugé pour agressions sexuelles et violences. Après un an et demi en détention provisoire, il a été relaxé de tous les faits et relâché.
Un Géorgien qui ne parle pas un mot de français soupçonné d’agressions sexuelles et de violences sur une jeune femme introuvable depuis les faits. Tout cela sur fond de consommation de cocaïne… Voilà la délicate affaire qu’avait à juger jeudi après-midi le tribunal correctionnel du Puy-en-Velay.
Des faits commis au Chambon-sur-LignonLes faits reprochés auraient été commis dans une voiture et dans un appartement au Chambon-sur-Lignon il y a un an et demi. Le prévenu est un Géorgien de 54 ans. Il est arrivé en France en 2021 pour se soigner de plusieurs maladies : VIH, tuberculose, hépatite… Quant à la victime, âgée de 25 ans, elle était ni présente, ni même représentée par un avocat. Un bref rappel de son parcours permet de cerner son profil. Née de parents toxicomanes dont un père proxénète et violent, elle a été placée dès l’âge d’un an avant de transiter par des foyers, de fuguer et surtout de sombrer elle-même dans la cocaïne. Lorsque sa mère était entendue, elle a appris que sa fille était en vie, celle-ci faisant l’objet d’un avis de recherche depuis 2016…Le 10 septembre 2022, le prévenu était monté en voiture à Clermont-Ferrand avec un ami hébergé, quant à lui, dans un centre au Chambon-sur-Lignon. À Clermont, il tombait sur une jeune femme en sous-vêtements sur un banc, visiblement en manque de cocaïne. Le Géorgien la prenait avec elle en voiture. Ils consommaient alors de la cocaïne qu’il venait d’acheter. Après la soirée à Clermont, tous les trois rentraient au Chambon-sur-Lignon en voiture. Dans l’automobile, l’homme lui aurait caressé le sexe. Arrivé dans l’appartement, le quinquagénaire Géorgien aurait renouvelé ses attouchements. Elle aurait demandé à rentrer à Clermont-Ferrand. L’homme se serait alors énervé, l’aurait frappé et cassé son téléphone. Dans la voiture, elle aurait de nouveau été victime d’un viol (une fellation forcée). Elle frappait son agresseur d’un coup de poing au visage avant de s’enfuir en courant à travers bois. Elle devait trouver refuge chez un couple de retraités du Chambon qui alertait les gendarmes. La jeune femme était en short, griffée aux jambes par les ronces.
De viol à agression sexuelleL’homme était interpellé peu après et placé en détention provisoire le 1er octobre 2022. La jeune femme était emmenée à l’hôpital où elle refusait l’examen gynécologique qui prouverait ses dires.Après l’ouverture d’une information pour viol, c’est à la fin de l’instruction que les faits étaient requalifiés en agression sexuelle, car les preuves manquaient.Quant au prévenu, depuis le début de cette affaire, il a toujours nié tous les faits de nature sexuelle ainsi que les violences. Il expliquait même que c’est elle qui lui avait volé sa cocaïne qu’il venait d’acheter à Clermont. « Elle était en manque », a dit l’homme lors de l’audience.Marie Moschetti, représentant le Ministère public a requis, « au vu de la gravité des faits et de la situation irrégulière de l’individu », 3 ans de prison ferme, son maintien en détention, et une obligation de quitter le territoire français définitive.
« Elle raconte n’importe quoi ! »La défense s’est, quant à elle, engouffrée dans le manque de preuve. « Les charges de viol n’ont pas été retenues, les faits n’étaient pas suffisamment caractérisés. Le médecin n’a prescrit qu’un jour d’ITT. Elle est introuvable depuis un an et demi. Je pense qu’elle invente tout ou partie de ce qu’elle dénonce. » Pour Maître Laura Danjoux, qui a demandé la relaxe : « Elle raconte n’importe quoi. »Le tribunal a considéré « qu’il n’y avait pas suffisamment d’éléments probants ». Il a prononcé « au bénéfice du doute », une relaxe globale. L’homme a été reconduit en maison d’arrêt pour une levée d’écrou. Il a ainsi retrouvé la liberté après un an et demi de détention provisoire.
Lionel Ciochetto
