Près de sept mois après l'intervention terrestre lancée par l'armée israélienne à Gaza pour vaincre le Hamas, des officiels américains se montrent très critiques à l'égard de la stratégie de l'État hébreu qui est loin d'avoir rempli les objectifs annoncés.
Cité par un article de Politico publié le 21 mai, le renseignement américain estime que «bien que les capacités militaires et de communication du Hamas soient dégradées, seulement 30 à 35% de ses combattants – ceux qui faisaient partie du mouvement avant le 7 octobre 2023 – ont été tués, et environ 65% de ses tunnels sont toujours intacts». Le Hamas «a réussi à protéger des milliers de ses combattants, dont beaucoup opèrent et se cachent à l'intérieur du réseau de tunnels tentaculaire», rapporte encore Politico.
Des propos bien éloignés de ceux de Benny Gantz. En avril dernier, le membre du cabinet de guerre de Benjamin Netanyahou avait déclaré que, «d'un point de vue militaire», le Hamas était vaincu. «Ses combattants sont éliminés ou se cachent», avait-il ajouté
Toujours selon l'article de Politico, citant des membres de l'administration Biden, celle-ci «craint qu’Israël ne gaspille de manière désastreuse son opportunité de victoire contre le Hamas, perdant ainsi sa meilleure chance d’éliminer l’emprise du groupe sur Gaza et sa menace pour le peuple israélien».
Les responsables américains qualifient la stratégie israélienne à Gaza «d'autodestructrice et susceptible d'ouvrir la porte au retour du Hamas». En effet, ils indiquent que les bombardements israéliens et la non protection des civils ont permis au Hamas de continuer ses recrutements et ce, après le 7 octobre. De surcroît, cette campagne militaire a totalement terni l'image d'Israël à travers le monde.
Cette politique génère «une frustration» du côté de l'administration américaine, créant des tensions entre l'État hébreu et les États-Unis. Alors que les dirigeants israéliens veulent rentrer à Rafah pour éliminer les quatre derniers bataillons du Hamas, lors du sommet OTAN de la jeunesse à Miami, le secrétaire d'État adjoint américain, Kurt Campbell, a fait part le 13 mai de sa perplexité vis-à-vis de l'opération israélienne dans l'enclave gazaouie, comme le rapporte un article de Reuters. «Parfois, lorsque nous écoutons attentivement les dirigeants israéliens, ils parlent surtout de l'idée de victoire écrasante sur le champ de bataille, de victoire totale», a-t-il soulevé. Avant de préciser : «Je ne pense pas que nous croyions que cela soit possible, cela ressemble beaucoup aux situations dans lesquelles nous nous sommes trouvés après le 11 septembre, où, après le déplacement de populations civiles et beaucoup de violence, les insurrections se sont poursuivies.»
L'armée israélienne est retournée, début mai, affronter des combattants du Hamas dans le nord de l'enclave, à Jabalia. À ce propos, Tsahal a confirmé le 23 mai la mort de trois soldats au nord de la bande de Gaza, portant le bilan total des morts depuis le début de l'opération terrestre à 281, indique un article d'I24.
Du côté du Hamas, le porte-parole de la branche armée Abou Obeida avait déclaré le 17 mai dernier que le mouvement était prêt à «une longue bataille d’usure».
La guerre à Gaza a commencé le 7 octobre 2023, suite à une attaque du Hamas sur le territoire israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1 170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir des chiffres de la sécurité sociale israélienne. Sur les 252 personnes alors emmenées comme otages, 124 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 seraient mortes, selon l'armée. Depuis le début des raids israéliens sur la bande de Gaza, 35 647 personnes sont mortes, selon le ministère palestinien de la Santé.